Les allocutions du président malgache et du chef d'état-major des armées se sont télescopées, le premier admettant avoir fait des erreurs quand le second lance un ultimatum à la classe politique. Le chef d'état-major de l'armée malgache a fixé hier un ultimatum de «72 heures» aux «décideurs politiques» pour mettre fin à la crise, faute de quoi les forces armées feront «fonctionner les affaires nationales», dans une allocution à la télévision nationale. Le chef d'état-major, le général de brigade Edmond Rasolofomahandry, a dit s'exprimer au nom de l'ensemble des forces armées de Madagascar (armée, gendarmerie, police) évaluées à environ 25.000 hommes. «Nous promettons de ne prendre aucun parti pris et invitons les décideurs politiques, toutes les forces politiques, la société civile, et les représentants des diverses forces vives dans le pays, de se réunir immédiatement et de se mettre d'accord pour apporter une solution dans un délai de 72 heures afin de faire sortir le pays de la crise», a déclaré le général. «Si jamais une solution n'est pas trouvée après ces 72 heures, alors nous, les forces armées, nous allons prendre nos responsabilités pour faire fonctionner les affaires nationales, pour préserver les intérêts supérieurs de la Nation et l'unité nationale», a-t-il prévenu. Cette allocution est intervenue peu avant que le président malgache Marc Ravalomanana intervienne également sur la télévision nationale en reconnaissant «avoir fait des erreurs» «Cette crise politique doit cesser et je suis prêt à écouter; je suis humain et j'ai fait des erreurs; je fais appel à la population, les assises nationales seront un évènement majeur pour le pays», a déclaré le président dans une allocution sur la télévision nationale et radio Mada, proche du pouvoir. «Il est important que cette réunion ait lieu, qu'elle puisse apporter des solutions à la crise», a-t-il poursuivi, affirmant à nouveau être le garant de la Constitution. Des assises nationales pour trouver une issue à la crise doivent se tenir de jeudi à samedi dans la capitale Antananarivo. Cette allocution est intervenue après la démission du ministre de la Défense malgache, le vice-amiral Mamy Ranaivoniarivo, annoncée devant la presse réunie à son ministère. Madagascar est plongé dans une grave crise politique provoquée par un conflit entre le président Ravalomanana et le leader de l'opposition Andry Rajoelina. Ce dernier, réfugié dans la résidence de l'ambassadeur de France à Antanarivo, a quitté l'ambassade où il se trouvait depuis vendredi soir, a annoncé hier à Paris le porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères Frédéric Desagneaux. Il a rappelé que des dispositions avaient été prises par la communauté internationale pour l'accueil de M.Rajoelina. «La France y a pris sa part. Il a été accueilli par nous (...)». Toutefois, «à l'heure actuelle, au moment où je vous parle, ce n'est plus le cas», a-t-il affirmé, indiquant que l'opposant malgache «est sous la protection des Nations unies. C'est aux Nations unies de communiquer», a-t-il dit. Le représentant de l'ONU dans la médiation malgache, Tiébile Dramé, avait annoncé lundi que l'opposant, en conflit ouvert avec le président Ravalomanana, était «placé sous la protection» des Nations unies dans une résidence diplomatique, sans préciser laquelle. M.Rajoelina, destitué début février de son poste de maire d'Antananarivo, vivait caché depuis une tentative d'arrestation jeudi soir. Un conflit larvé entre MM.Ravalomanana et Rajoelina s'est transformé en crise ouverte mi-décembre et au moins une centaine de personnes sont mortes à Madagascar depuis le 26 janvier dans les violences qui ont marqué ce conflit.