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Ou quand la morale asservit le mythe
Hammam El Meskhoutine
Publié dans Le Temps d'Algérie le 25 - 03 - 2009

De temps en temps, lorsqu'on évoque les grandes potentialités touristiques de notre pays, on évoque bien sûr les paysages féeriques que recèlent nos côtes, nos montagnes et notre immense désert que l'on ne manque jamais de qualifier, à juste titre d'ailleurs, de grand musée à ciel ouvert.
On parle aussi des sources thermales et de leur bienfait pour certaines maladies. A cet effet, on cite quelques hammams célèbres et dont l'originalité serait à même de drainer des foules de visiteurs. Et des entrées en devises également. Mais, hélas ! Entre les aspirations et leur concrétisation, il y a souvent un énorme gouffre…
Inévitablement, parmi ces sources, on évoque Hammam El Meskhoutine ( à traduire par le Bain des Maudits) qui se trouve à 17 km de Guelma.
En plus de ses eaux dont la température s'élève à plus de 90° et qui font de cette station thermale l'une des plus chaudes de la planète, Hammam El Meskhoutine a été auréolé par le génie populaire local d'une légende si poétique et si moralisatrice qu'elle plaît à tous ceux qui l'entendent et de ce fait la propagent autour d'eux à leur tour. Le résultat est qu'aujourd'hui rares sont ceux qui ne la connaissent pas. Avant de méditer sur cette légende redécouvrons-la d'abord.

La légende
Il y avait autrefois dans cette région un jeune homme très beau et très fort qui s'appelait Sidi Arzak. Un nom qui sonne déjà comme un blasphème. Sidi Arzak signifie en effet, «Maître qui octroie des biens».
Personne ne pouvait l'égaler dans la dextérité dont il faisait montre juché sur un cheval ou un dromadaire. Personne, non plus, ne pouvait lui tenir tête ne serait-ce que pendant quelques très courts instants, dans n'importe quel combat, que ce soit à mains nues ou avec un sabre. Ce jeune homme était si fier de lui et si imbu de sa personne que lorsqu'il voulut prendre femme, il n'en trouva aucune qui soit à son goût.
Ou qui soit aussi belle que sa sœur Yamina. Et comme il n'y avait pas de femme aussi belle que sa sœur, il décida tout simplement d'épouser celle-ci. Cette décision a été très mal accueillie par les membres de la tribu qui y voyaient là une atteinte grave à la morale, à la religion et au bon sens. Ceux-ci firent appel à toute leur sagesse et à tous les arguments possibles et imaginables pour empêcher la concrétisation d'un dessein aussi condamnable.
Mais Sidi Arzak s'avéra inflexible. Il répondit même qu'il ne serait ni le premier ni le dernier à avoir épousé sa sœur (*). En raison de sa puissance et de l'ascendant qu'il exerçait sur tous les autres, il trouva un cadi pour prononcer et «légaliser» ce mariage incestueux.
Un mariage contre lequel une bonne partie de la tribu avait décidé de réagir en s'en allant vivre ailleurs pour ne pas avoir à partager le même châtiment que le Créateur pourrait faire subir à ceux qui s'apprêtaient à l'offenser par un acte des plus ignobles.
Avant même le début des festivités nuptiales, cette partie de la tribu s'en alla s'installer dans un autre lieu. Quelques jours plus tard, quelques membres de cette tribu, par nostalgie ou par curiosité, se rendirent sur les lieux où ils vivaient naguère.
Et qu'elle ne fut leur surprise lorsqu'ils ne trouvèrent aucune trace vivante des autres membres de leur tribu. A leur place se dressait un immense magma de roche ayant la forme de silhouettes humaines et animales que tout le monde n'eut aucune peine à identifier comme étant les membres du cortège nuptial, les deux époux et leurs montures.
Tout le monde comprit alors que Le Tout Puissant avait puni ceux qui voulaient enfreindre Ses préceptes, en les transformant en statues de pierres. Et à tous ceux qui passaient par-là, ils racontaient l'histoire de Sidi Arzak qui voulait épouser sa sœur Yamina et du châtiment divin qui s'était abattu sur eux et sur ceux qui avaient cautionné leur crime par leur présence à leurs côtés.

Sa…source d'inspiration
La plupart des légendes du Maghreb sont imprégnées d'influences religieuses. Celle de Hammam El Meskhoutine n'échappe pas à cette règle.
Et on ne peut s'empêcher de voir des similitudes avec Sodome et Gomorrhe, deux villes, que les théologiens situent entre la Palestine et la Jordanie, au sud la mer Morte, et dont les habitants s'adonnaient à toutes sortes de débauche sexuelle dont la sodomie et l'homosexualité, et que Dieu a punis en faisant s'abattre sur eux un déluge de feu et de soufre qui avait tout réduit en cendres.
A l'endroit où jadis s'étendaient des terres fertiles et verdoyantes, il ne reste plus que des collines de cendres et des roches sur lesquelles rien ne pousse. Même la mer qui se trouvait là, est ...morte et contient plus de sel qu'il n'y en a dans les autres mers.
Dans la Bible et le Coran, on lit que Dieu a permis à Loth, un homme vertueux, d'avoir la vie sauve avec sa femme et ses deux filles, à condition de quitter Sodome et Gomorrhe sans jamais se retourner.
Loth et ses deux filles parvinrent à satisfaire cette condition mais son épouse ne put s'empêcher de se retourner pour voir le déluge de feu tombant du ciel et aussitôt elle fut transformée en statue de sel.
Dans la légende de Hammam El Meskhoutine, il y a eu également des survivants, ce sont les personnes qui ont quitté le village pour ne pas voir le châtiment qui allait s'abattre sur ceux qui avaient fait le choix de cautionner l'horreur.
Cette légende s'inspire aussi peut-être de la mythologie grecque que les habitants de l'antique Guelma ont dû entendre en leur qualité de Méditerranéens, tout comme les Grecs. Cette influence a trait au mythe de Méduse.
Une créature au physique fort agréable mais que Athéna, une déesse de la mythologie grecque, avait enlaidie pour se venger d'elle en transformant ses nattes de cheveux en serpent. Mais le plus intéressant est de savoir que Méduse fait partie de la race des Gorgones qui ont la particularité de transformer en statues de pierres tous ceux qui ont le malheur de les regarder. D'où viennent ces Gorgones ?
Selon la mythologie grecque, les Gorgones sont le fruit d'une liaison incestueuse entre Keto (une déesse ) et Forcys… son frère.
Les géologues qui ont examiné les cascades de Hammam El Meskhoutine sont unanimes pour dire que cette formation géologique est due aux écoulements d'eau à très grande teneur en substances organiques et autres sels minéraux.
Des substances qui arrivent au départ dans un état proche du liquide et qui se solidifient à l'air libre pour prendre les formes que l'on connaît.
Quant aux silhouettes humaines et animales que l'on pense entrevoir dans la roche, elles sont le fruit de l'imagination, un peu comme ces créatures que l'on croit voir lorsqu'on contemple l'amoncellement des nuages noirs avant un orage…
La différence est que ces nuages disparaissent et on n'a pas le temps de leur attribuer des histoires…Ce n'est pas le cas des cascades de Hammam El Meskhoutine qui sont là depuis très longtemps.
Au point d'avoir permis la naissance d'une légende moralisatrice….Très utile de nos jours, à une époque où l'immoralité semble s'imposer. Et quand une morale de bon aloi «asservit» ainsi le mythe et la légende, on ne peut qu'y adhérer. Non?


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