Le marché hebdomadaire de Tazmalt enregistre une forte présence d'herboristes qui vantent les vertus de leurs potions, décoctions et autres lotions faites «à base de plantes mélangées à du miel». Ces prétendus herboristes qui, apparemment, n'ont pas un bon niveau d'instruction, n'ont pas froid aux yeux lorsqu'ils affirment des choses abracadabrantes. Comme cet herboriste qui a dit tout bonnement que les vers d'ascaris viennent du… chewing-gum. Les badauds ne bronchaient pas. Ils l'ont cru le plus normalement du monde, alors que ces vers parasites viennent en réalité de l'ingurgitation d'aliments souillés. Ces gens, qui ne sont en fait que des escrocs, pour qui la santé des gens n'est rien devant les billets de banque qu'ils s'empressent d'empocher de leurs victimes, exercent leur «métier» au su et au vu de tout le monde. Ils constituent indubitablement un danger réel pour la santé publique. L'on témoigne qu'un vieil homme serait mort, l'an dernier, en ingurgitant une potion achetée chez un herboriste. Ces «médecins» de l'époque médiévale apprennent par cœur dans des livres les différentes plantes et leurs usages médicinaux et serinent approximativement ce qu'ils ont appris aux badauds qui viennent les écouter. Les uns usent et abusent de versets coraniques pour convaincre, d'autres prononcent des termes scientifiques pour épater les présents et les convaincre qu'ils sont devant de vrais toubibs. Ils proposent des… remèdes contre des maladies incurables, lesquelles continuent à faire blanchir les cheveux des chercheurs scientifiques, tellement elles sont complexes. Des remèdes contre tous les ennuis Ainsi, à l'aide d'une baguette, les herboristes proposent, à travers des mégaphones assourdissants, la panacée au diabète, aux rhumatismes, à l'hypertension artérielle, aux maladies digestives (ulcère, colopathies, etc.) et à bien d'autres maladies devant lesquelles la science moderne demeure impuissante. Poussant la déraison au cynisme, un herboriste jure par tous les saints qu'il a une plante qui effrite les calculs rénaux. «Même s'ils sont aussi gros que celui-ci», dit-il en montrant un caillou. Evidemment, les esprits cartésiens considèrent ces «réclames» comme des pièces théâtrales, tellement ces bougres jouent bien la comédie. Les autres, des gobeurs, sont persuadés de la véracité de ces propos. Malgré tout, ils achètent les potions, chacun pour ses maux, en les payant rubis sur l'ongle. Généralement, ces escrocs facturent leurs produits à 200 DA. Les poches remplies, ils rient sous cape en quittant le marché. Beaucoup de personnes croient que les plantes n'ont pas d'effets secondaires. Ils se trompent lourdement, étant donné que celles-ci contiennent des principes actifs et de multiples composants dont il faut se méfier. Comme par exemple le fenugrec (halba en arabe dialectal) qui s'il n'est pas consommé modérément pourrait provoquer des troubles psychiques, des hallucinations entre autres. Les essences des plantes sont également dangereuses. Comme celle du thym qui provoque l'épilepsie. Ces essences et huiles, si on ne les prend pas selon un dosage précis, provoqueraient des ennuis assez sérieux aux personnes qui les consomment. Or ces herboristes ignorent tout du dosage. Ils ne parlent que de cuillères à prendre sans plus. Ils ignorent par-dessus tout les composantes des différentes plantes et leurs effets secondaires ainsi que les dangers de leurs interférences. Prendre une herbe médicinale pour la médication nécessite une spécialisation et des connaissances approfondies. En Europe, par exemple, les herboristes sont des médecins agréés qui connaissent les plantes et leurs dosages. Chez nous, si quelqu'un veut devenir herboriste, il n'a qu'à «dévorer» des livres qui abordent la médecine par les plantes et se rendre au marché pour vendre ses élixirs et potions à des nigauds qui ne savent pas que la plante ne doit jamais remplacer un médicament prescrit par un vrai médecin.