Debout au milieu d'une foule de badauds, un herboriste vante les vertus de ses plantes, qu'il arbore l'une après l'autre, en s'attardant sur leurs bienfaits et leur usage médicinal. Telle plante est utile pour les hémorroïdes, dit-il, telle autre est anti-diabétique ou anti-rhumatismale et tutti quanti. Cet herboriste qui se manifeste à chaque marché hebdomadaire de Tazmalt, arrive vraiment a accrocher les gens qui l'entourent, avec un langage empreint de quelques mots scientifiques, qui échapperaient à son auditoire, d'où l'effet de persuasion. D'ailleurs dans son entourage on l'appelle «docteur», bien qu'il n'ait pas suivi des études supérieures. C'est un autodidacte, beaucoup plus accroc aux remèdes de grand-mère, qu'au métier de toubib par les plantes. Cet individu, qui ne peut en aucun cas remplacer le médecin, arrive quand même à écouler ses potions et cocktails à raison de 200 da l'unité. Cela dépend du mal à traiter. Des gens, qui font leur jérémiades, sont pour la plupart des crédules et des ignorants. Il est vrai aussi que la pauvreté et l'impuissance de la médecine légale à guérir des maladies incurables, font le lit de ces charognards, qui n'ont d'yeux que pour les billets de banque. Toutefois, le plus grave dans cet état de fait, c'est ce genre de phrase très grave de conséquence, que lancent des herboristes sans scrupules à des malades chroniques : «Vous prenez encore la pilule ? Je vais vous en débarrasser !» Un diabétique, un hypertendu ou un asthmatique peut-il se passer de son traitement pour le substituer par un tas d'herbes ou de graines d'on ne sait quelles plantes ? Le plus grave dans tout cela, c'est que ces herboristes prétendent guérir des maladies incurables, en d'autres termes, ils disent qu'ils détiennent la panacée. Est-il raisonnable de croire un herboriste qui jure par tous les dieux qu'il peut faire sortir par les voies urinaires des cailloux «grands comme ça !», arborent-ils, rien qu'avec une plante ? ou guérir le diabète, le cancer, les rhumatismes et bien d'autres maladies, qui ont donné du fil à retordre aux scientifiques les plus chevronnés ? Dans un pays qui se respecte, ces gens n'auraient aucune «tribune» pour exercer ce métier, qui demande, comme dans les pays développés, une formation et un diplôme en bonne et due forme. Parce qu'une plante contient des composants actifs, qui, s'ils dépassent un certain seuil, deviennent dangereux, voire mortels.