Les forces armées irakiennes ont dû battre en retraite après une nouvelle offensive lancée mardi contre Tikrit, ville située à 160 km au nord de Bagdad, où les rebelles islamistes opposent une forte résistance. Les difficultés du gouvernement sur le plan militaire s'ajoutent aux blocages politiques, malgré l'élection mardi d'un nouveau président du Parlement, dans un pays en proie à un risque d'éclatement entre chiites, sunnites et Kurdes. Selon un soldat qui participait à l'assaut de mardi, l'armée a dû reculer avant la tombée de la nuit vers une base située à 4 km au sud de la ville, après avoir essuyé des tirs nourris de mortier et de tireurs embusqués. Partie dans la matinée d'Aouja, le village de naissance de Saddam Hussein, l'offensive s'est heurtée à la résistance des insurgés dans les quartiers sud de Tikrit. D'après des habitants, il n'y avait plus de combats mercredi matin dans cette ville, le fief d'anciens officiers de l'armée de Saddam Hussein qui ont joint leurs forces à celles des insurgés. Voilà deux semaines et demi que les troupes gouvernementales tentent de reprendre Tikrit, tombée aux mains des rebelles sunnites le 12 juin dernier au cours d'une spectaculaire avancée menée sous la conduite de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) - devenu depuis l'Etat islamique (EI). L'échec de cette nouvelle opération illustre les difficultés des forces fidèles au gouvernement à regagner le territoire perdu en juin. Outre Tikrit, l'armée a perdu le contrôle de Mossoul et d'autres villes importantes. En revanche, les forces gouvernementales ont réussi, d'après des témoins sur place, à déloger dans la nuit de mardi à mercredi des combattants tribaux de Dhoulouya, une ville à 70 km au nord de Bagdad qui ne cesse de passer d'un camp à l'autre. Sur le front politique, les députés se sont mis d'accord mardi sur le nom du sunnite Salim al Djabouri, considéré comme un islamiste modéré, pour le poste de président du Parlement mais les discussions ont ensuite achoppé lorsqu'il a fallu désigner le vice-président. Maintenant que l'assemblée s'est choisie un président, elle a 30 jours pour élire un président de la République, un Kurde, selon une règle tacite en vigueur depuis 2005, qui aura lui-même 45 jours pour nommer un Premier ministre, qui devra être chiite. La question la plus épineuse porte sur la reconduction ou non pour un troisième mandat de l'actuel Premier ministre, Nouri al Maliki, une figure controversée dont les détracteurs disent qu'il a marginalisé les Kurdes et les sunnites.