Il fait horriblement chaud depuis hier mais on le savait déjà quelques jours avant ça. Les mauvaises nouvelles, il y a toujours des gens qui se font un malin plaisir en se précipitant pour nous les annoncer. Même la météo ne se trompe jamais quand il s'agit de prévoir l'enfer. Elle a déjà consommé ses quotas d'erreurs. En nous promettant plein de choses qui ne viendront jamais. Des pluies en temps de sécheresse pour sauver des récoltes déjà bien rachitiques, un vent qui va balayer les neiges accumulées pour sortir la haute Kabylie de l'isolement ou une embellie qui limite les dégâts aux portes du désert sinistrées par les inondations. Il fait horriblement chaud, la météo l'avait prévu et nous y sommes. Et alors ? Pour ce que nous faisons, pour la somme d'efforts que nous déployons, ce ne doit pas être bien difficile à supporter. Le Ramadhan ? Il paraît que ni la chaleur ni la soif ni les tempêtes de sable ne peuvent rien contre la foi. Mais est-ce que ceux qui jeûnent et se plaignent de la chaleur bien avant les prévisions météo pour ce week-end, ont la foi ? Il fait trop chaud pour répondre à la question. Tenez, un ami d'Aïn Defla, une contrée où il faut inventer quelque chose de plus fort que la «canicule» et un outil plus performant que le thermomètre pour être juste avec son niveau de chaleur, priait Dieu pour qu'il n'y ait pas de délestage. On ne sait pas pourquoi cette supplique mais on devine qu'il a un climatiseur et qu'il n'est pas obligé de sortir de chez lui. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui est obligé de sortir de chez lui pendant le ramadhan ? C'est possible mais tout le monde n'a pas un climatiseur. Comme cet autre ami des environs de Bouira qui raconte qu'il va bien affronter la route pour aller au marché de Boudouaou pour une course qu'il ne peut pas faire plus près de son domicile. Lui, il ne se plaint pas et n'appréhende pas le délestage. Il n'a qu'un vieux ventilateur et quand il fait aussi chaud, l'engin ne peut brasser que le vent qu'on lui donne, à la même température. L'ami dit qu'il ne voit aucun inconvénient à affronter la route parce que de toute façon, il fait aussi chaud dans sa demeure que sur l'asphalte de la route. Il ne nous dit pas si son véhicule est climatisé et nous ne lui avons pas posé la question. Il fait trop chaud pour poser des questions. Il nous dit quand même qu'au retour du marché de Boudouaou, il empruntera un long détour par Cap Djinet, histoire de se rafraîchir un peu au bord de la mer. Mais à quarante-cinq degrés à l'ombre, et il n'y a pas d'ombre, est-ce qu'on peut se rafraîchir au bord de la mer quand on n'est pas particulièrement porté sur la trempette ? Il fait horriblement chaud. Et alors ? Qu'est-ce qu'on aurait fait s'il ne faisait pas aussi chaud ? On aurait parlé d'autre chose que la chaleur. Peut-être bien de la pluie et du beau temps. Slimane Laouari