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Les vendeurs de maïs
Point net
Publié dans Le Temps d'Algérie le 22 - 07 - 2012

De Staouéli jusqu'à Aïn Benian, tout au long de la route, on «vend». Le regard peut d'abord s'arrêter sur le maïs. De toute façon, il n'a pas le choix, le regard. Si vous ne voyez pas le vendeur, vous verrez les épis verts déposés sur des étals de bric et de broc.
Si vous ne voyez pas les épis de maïs, vous verrez quelqu'un mettre soudainement son clignotant à droite, se mettre sur le bas côté et descendre de sa voiture en écarquillant les yeux comme s'il venait de découvrir une nouvelle planète. Si vous ne voyez personne s'arrêter, parce qu'on ne fait tout de même pas la queue pour acheter du maïs – pas encore du moins – il restera la fumée pour capter votre regard. Et si vous ne voyez pas rien du tout, il y a l'odeur de quelque chose de pas très familier, qu'on passe à la braise. On ne se bouscule pas à ces étals mais il y en a quand même qui achètent.
Si vous posez la question à l'ami qui partage votre voiture ou votre balade pédestre, il vous répondra à coup sûr : «Bien sûr qu'il y en a qui achètent, sinon il n'y aurait pas de vendeurs, depuis le temps que ce petit business existe !» Le long de la route, la fumée monte, des gamins avivent les braises à l'aide d'un morceau de carton ou d'un journal plié.
Il y en qui ralentissent par curiosité. Ils connaissent le maïs dans l'assiette, en boîte ou en farine. Ils n'ont jamais vu d'épis. Les épis, d'autres les ont vus dans les champs mais ils ne savent pas que ça se braisait. D'autres encore savent que ça se braisait avant d'être trempé dans de l'eau salée mais ne savent pas que ça se vendait le long de la route les après-midi chauds de Ramadhan. Les vendeurs savent tout ça et d'autres choses encore.
Ils savent que dans le pire des cas, les policiers qui passent et repassent vont leur demander de déguerpir pour revenir le lendemain ou deux jours après. Ils savent que tout est interdit dans leur pays sauf «vendre». Ils savent que dans leur pays, tout se mange pendant le Ramadhan, y compris les bonnes choses comme le maïs. Ils savent que le maïs vert en épis braisé n'a pas de prix parce qu'il ne se vend que sur les bas côté des routes.
Ils savent que les bas côtés des routes ne sont pas un marché pour déterminer les prix mais un marché quand même. Ils savent que ce n'est pas gentil qu'on les appelle les vendeurs à la sauvette parce qu'ils ne se sauvent jamais. Ils savent qu'ils ne peuvent pas être répertoriés dans la catégorie des «commerces illicites» parce qu'il n'y a pas beaucoup de commerces licites.
Ils savent que pendant le Ramadhan, on n'est pas obligé de manger ce qu'on achète. Ils savent qu'on n'est pas obligé d'acheter ce qu'on mange. On peut aussi choisir de crever de faim ou d'aller dans un resto Errahma. Ils savent que les couffins du Ramadhan doivent être suppléés par les couffins de la débrouille. Ils savent que «il vaut mieux vendre du maïs braisé que voler à la tire» est juste une phrase destinée aux policiers qui ne les arrêteront jamais.
Ils savent que dans la journée, il vaut mieux vendre du maïs en épis que des clopes à l'unité parce que ceux qui jeûnent en achètent le soir et ceux qui ne jeûnent pas en achètent avant le s'hor et les cachent pour les fumer le lendemain… en cachette.
Ils savent que ceux qui volent parce qu'ils ne veulent pas vendre risquent moins que ceux qui cassent la croûte à midi. On voit passer du monde, quand on vend du maïs braisé en épis. Les bolides qui ne s'arrêtent jamais parce qu'ils sont pressés d'aller acheter des crevettes à la Madrague ou à Bouharoun dans l'autre sens.
Des emmerdeurs qui s'arrêtent juste pour faire vomir les vendeurs en pensant les faire rire. Des grippe-sous qui pensent avoir du maïs pour le prix des prunes. Des experts qui scannent les épis jusqu'à en soulever les grains et des gens «normaux» venus acheter et qu'on reconnaît tout de suite. Les vendeurs de maïs savent tout. Sinon, ils n'auraient pas eu une idée de business aussi géniale. Et si le ministère du Commerce veut vraiment fermer les commerces illicites, qu'il vienne fermer le bas côté de la route. Entre Staouéli et Aïn Benian ou ailleurs.
Slimane Laouari


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