On peut longtemps disserter sur la paternité de la poule sur l'œuf — ou vice-versa — on ne saura donner une réponse qui fasse l'unanimité chez les philosophes.Le sujet est peut-être ardu mais il n'intéresse en aucun cas les pères de famille et les ménagères qui doivent chaque jour trouver une solution pour préparer à manger à toute la famille. Généralement, à défaut de viande pour ses protéines, on compense par des œufs. D'ailleurs, les restaurants universitaires prévoient deux à trois fois par semaine des œufs dans les repas. Casser la tirelire Au marché de Djelfa, les marchands d'œufs, après avoir été assaillis par les acheteurs, se roulent les pouces ces derniers temps. Nous avons fait un tour pour prendre le pouls. Ce sont trois vieux tacots qui servent de magasins. Les œufs sont présentés sur des tables métalliques et présentés dans des alvéoles en carton propre. Il n'y a pas d'affichage de prix. C'est la technique pour engager la conversation avec le client car ils n'osent plus annoncer à haute voix les prix. Pudiques ? Ces derniers sont des vendeurs en gros, en demi-gros et au détail. Pour la dernière tranche, c'est-à-dire pas moins de deux plaquettes (60 œufs), c'est 11 dinars la pièce. Entre deux et cinq plaquettes, soit le demi-gros pour les restaurants et gargotiers ou épiciers, c'est 10,50 DA la pièce. Et pour le gros, les prix peuvent être négociés à partir de 10,25 DA. Nous avons posé la question à l'un de ces marchands d'œufs sur le pourquoi de cette augmentation. «C'est le printemps, et les éleveurs de volaille de ponte renouvellent leur poulailler. Donc l'offre est en deçà de la demande d'une part, et les intermédiaires qui nous livrent sur place doivent eux aussi faire des bénéfices», nous explique-t-il. Notre interlocuteur indique également que cette période de la saison est une occasion pour les intermédiaires de faire le maximum de recettes sans fournir de gros efforts comme auparavant. Les clients se rabattent alors sur les œufs, ajoute-t-il, «parce que le prix de la viande a augmenté». Nous avons rendu visite à un gargotier spécialisé dans les frites-omelettes, plat national pratiqué dans toutes les gargotes d'Algérie. Nous l'avons trouvé en train de repeindre son local. Probablement, il profite de cette période où il ne peut répondre aux besoins de ses clients. A cause de la cherté des produits de base de sa préparation, les pommes de terre et les œufs, qui sont devenus presque inaccessibles. Quant aux ménagères, vont-elles s'éclipser au moment où les enfants passent à table ?