Une fois n'est pas coutume, samedi après-midi et jusqu'en début de soirée, la salle Marignan de Saint-Josse-ten-noode à Bruxelles a été le théâtre d'une importante rencontre de la communauté algérienne établie en Belgique et au Grand Duché du Luxembourg. En effet, la communauté algérienne de Belgique et du Luxembourg qui compte environ 25 000 personnes s'est enfin décidée à mettre sur pied les bases d'une «association de dimension fédérale» qui pourra la représenter mais surtout lui permettre de s'organiser et de se poser comme un interlocuteur fort. S'il est vrai que de nombreuses «petites» Asbl (associations) existent en Belgique et au Luxembourg, elles sont loin d'être représentatives de la communauté. Il est vrai aussi que la communauté, toujours prête à exercer son devoir électoral, a également élu un «député» censé être son porte-parole auprès des autorités et du Parlement algériens, mais là aussi, la grande majorité de la communauté se dit, sinon «désabusée», pour le moins déçue. L'exemple de l'ambassade est à retenir Ce qui n'est évidemment pas pour rétablir la confiance du citoyen vis-à-vis des institutions. En Belgique, disons-le tout de suite – et nous n'avons pas pour habitude de flatter les autorités, au contraire ! – l'ambassadeur d'Algérie a réellement opéré une petite révolution. C'est tout à l'honneur de notre représentation diplomatique et des services consulaires qui, au cours des rencontres engagées pour la campagne électorale, ont écouté, entendu et surtout saisi ces occasions pour engager un travail de terrain louable. Nous aurions aimé que cet exemple «belge» soit pris comme exemple par nos autres représentations diplomatiques et consulaires à travers le monde et dont – il faut bien le dire – les émigrés, à part les pistonnés, n'ont que des griefs à apporter à ceux qui sont censés représenter l'Etat algérien et donc les aider. L'exemple que vient de nous apporter l'ambassade de Belgique méritait d'être cité. Les rencontres organisées dans le cadre de la campagne pour la présidentielle furent ainsi l'occasion pour notre communauté de débattre avec le staff diplomatique de tous ses problèmes, vœux, espoirs et attentes, avec en filigrane ce souhait de créer une association fédérale qui puisse les représenter. Une initiative qui fera date Une excellente initiative qui a fait l'unanimité et pour laquelle les services diplomatiques et consulaires se sont engagés à apporter toute l'aide nécessaire, dans la plus grande transparence et surtout en toute neutralité. Afin d'éviter toute susceptibilité ou un quelconque calcul politique. En effet, ce sont les citoyens algériens, et eux seuls, qui sont demandeurs et qui se rendent compte de l'urgence de s'organiser dans un cadre légal. A l'évidence, les autorités algériennes y gagnent aussi dans la mesure où les revendications, souhaits et initiatives de la communauté seront plus facilement inventoriés. La communauté qui s'est par exemple plaint de ce sempiternel problème de tarifs d'Air Algérie – les plus élevés du monde – pourrait, grâce à une telle association fédérale, faire pression sur la compagnie nationale. Ce que ne peut en aucun cas faire l'ambassade par exemple. L'intérêt des Algériens est de se regrouper Dans d'autres domaines également, cette association aurait son mot à dire. En matière de cours de langue nationale, d'organisation d'activités culturelles, d'aide aux démunis, de rapatriement des corps des défunts, de pèlerinage… comme toute association digne de ce nom et qui serait à l'écoute de la communauté. Le rôle des services diplomatiques et consulaires fut donc d'aider et d'accompagner à la naissance de cette organisation, en toute neutralité, rappelons-le, afin d'éviter des polémiques stériles. Cependant, comme l'a souligné à plusieurs reprises l'ambassadeur, cet «encadrement» n'est qu'une réponse à la demande citoyenne qui lui a été faite. En aucun cas, ses services n'interféreront dans les choix ou les décisions émises par la communauté. L'ambassade et ses services ne s'occuperont que de la logistique et mettront à disposition, en toute transparence, les outils matériels nécessaires pour ce faire. La salle Marignan, où sont déjà programmées de nouvelles rencontres, est déjà réservée, et un secrétariat au niveau de l'ambassade et du consulat est mis à disposition ainsi que toute l'organisation et la logistique pour mener à bien cette action. Et comme a tenu également à le souligner l'ambassadeur : «Il n'est pas question ici de créer une nouvelle amicale des Algériens en Europe» ! En effet, cette dernière, créée dans un contexte politique précis, a toujours été «encadrée» par les autorités algériennes et servi plutôt les intérêts de certains privilégiés au détriment de la communauté. Une nécessaire transparence Ceci pour la transparence et pour mettre les choses au point. Il est sans doute vrai qu'il y aura des Algériens «aigris» qui trouveront matière à critique. C'est normal. Mais le plus important, nous semble-t-il, est qu'ils s'organisent en tant qu'«adultes» et que, pour une fois au moins, ils puissent s'entendre ! Sommes-nous moins aptes à nous entendre que nos frères tunisiens ou marocains émigrés ? Ils disposent d'associations, d'écoles de devoirs, de centres culturels, de maisons de Tunisie et du Maroc, organisent des rencontres, soirées, défilés. Ils ont des mutuelles pour garantir les rapatriements, etc. Et comme ils sont bien organisés, les autorités du pays d'accueil répondent plus facilement à leurs souhaits et les reçoivent dans un cadre «officiel». Ce faisant, ils deviennent naturellement un interlocuteur valable et respecté. C'est ce à quoi aspire désormais notre communauté qui ne manque d'ailleurs ni de cadres compétents ni de volontaires engagés. C'est aussi ce que la représentation diplomatique algérienne en Belgique et au Luxembourg souhaite. D'où son engagement à tout faire pour que ce souhait citoyen aboutisse. Nous n'irons pas dans le détail des aspirations de la communauté, mais il est utile de dire que le site de l'ambassade est ouvert à tous ! Il est même – et c'est une première – devenu un espace citoyen et le moyen privilégié pour tous les Algériens émigrés en Belgique et au Luxembourg de s'exprimer. La communication, cheval de bataille de l'ambassade En effet, c'est là une des premières réponses de l'ambassadeur, à la demande des compatriotes qui regrettaient le «manque de communication» entre «Algériens». C'est donc chose faite, et sur le site toutes les informations sont reprises. Désormais, même les idées, suggestions et autres initiatives y seront rapportées. Déjà une petite revue de presse y est présente. Les SMS – signe des temps – permettront de toucher la grande majorité des Algériens, notamment ceux qui n'ont pas accès à internet. Des numéros de téléphone portable pour joindre à tout moment l'ambassade ou le consulat sont également disponibles en permanence. Dans tous les cas, cette petite «révolution» qui semble faire son petit bonhomme de chemin nous paraît être la solution à adopter rapidement afin que notre communauté soit fortement et sérieusement représentée. L'échéance de la date symbole du 5 juillet a été retenue pour proclamer la naissance de cette Asbl. Gageons que d'ici là, le programme adopté hier pour y parvenir tiendra la route. Nos représentants officiels s'y sont engagés avec la condition de rester neutres et de respecter les volontés des citoyens. A nous de prouver que nous sommes capables de nous organiser. Et de laisser de côté nos querelles de clocher.