Le Parlement irakien a nommé Haidar al-Abadi au poste de Premier ministre à la place du sortant, Nouri al-Maliki, afin de mettre fin à une crise politique et humanitaire en raison de l'avancée des insurgés qui contrôlent une grande partie du pays. M. al-Abadi vient d'être choisi par l'Alliance nationale irakienne comme son candidat. Ce processus a été retardé par des disputes politiques et la vague de violence ravageant l'Irak. "Le pays est entre vos mains", a dit le président Massoum en nommant M. al-Abadi, un membre du parti Dawa de M. Maliki qui dirige la coalition de l'Etat de droit, une décision dénoncée par M. al-Maliki, 63 ans, qui s'estime spolié d'un troisième mandat. M.al-Maliki a jugé que la nomination de M. Abadi constituait une "violation de la Constitution" et vivement dénoncé le rôle de Washington dans sa mise à l'écart. Il estimait avoir la légitimité pour un 3e mandat après l'arrivée en tête de sa coalition aux législatives. "Nous rejetons cette violation de la Constitution", a affirmé M. Maliki "Washington "s'est tenu aux côtés de ceux qui ont violé la Constitution", a-t-il ajouté dans un enregistrement diffusé à la télévision. La président irakien, qui a la charge de désigner le candidat du bloc majoritaire au Parlement comme Premier ministre, a chargé Haidar al-Abadi, de former le nouveau gouvernement. La formation d'un gouvernement d'union a été réclamée sans cesse par la communauté internationale pour faire face à l'offensive lancée le 9 juin par les hommes armés de l'Etat islamique (EI) qui continuent de s'emparer de plusieurs territoires en Irak et de mener des exactions contre les minorités religieuses, poussant à l'exode des centaines de milliers de personnes. Les Etats-Unis ainsi que l'Union européenne, la Grande Bretagne et la France ont aussitôt félicité le Premier ministre désigné qui a désormais 30 jours pour former un gouvernement appelé à inclure toutes les forces politiques du pays. M. Abadi a assuré au vice-président américain Joe Biden qu'il avait l'intention de former "rapidement" un gouvernement "large capable de contrer la menace de l'EI et de construire un avenir meilleur pour les Irakiens de toutes les communautés", selon la Maison Blanche. Saluant avec force la nomination d'un nouveau Premier ministre en Irak, le président américan, Barack Obama, a souligné lundi la nécessité de former rapidement un gouvernement qui représente les intérêts de tous les Irakiens et qui puisse "unir le pays" dans la lutte contre l'Etat islamique (EI). Les Américains livrent des armes aux forces kurdes Sur le plan militaire, le département d'Etat américain a annoncé des livraisons d'armes aux forces kurdes qui combattent les hommes armés de l'Etat islamique (EI) au nord de l'Irak. "Nous collaborons avec el gouvernement irakien pour envoyer des armes aux Kurdes, dont ils ont très vite besoin", a déclaré Marie Harf, porte-parole de la diplomatie américaine. Le Pentagone a assuré qu'il ne comptait pas étendre ses frappes aériennes hors de la région du nord irakien. "Les frappes ont contribué à freiner l'avancée des forces de l'EI autour de Sinjar et dans l'ouest d'Erbil", a expliqué le général William Mayville. Alors que les forces kurdes ont subi ces derniers jours plusieurs revers face aux insurgés, elles ont repris la main dimanche, au troisième jour des frappes aériennes menées par les Etats-Unis. Situation humanitaire désastreuse Une réunion extraordinaire des ambassadeurs des pays de l'Union européenne a été convoquée mardi à Bruxelles pour examiner les moyens de contrecarrer l'avancée de l'EI alors que la situation humanitaire reste, elle, catastrophique: des centaines de milliers de personnes ont été jetées sur les routes dont de nombreux chrétiens chassés de Mossoul, deuxième ville du pays, et de la localité chrétienne de Qaraqosh, aux mains de l'EI. La minorité kurdophone des Yazidis est également menacée depuis la prise de Sinjar, l'un de ses bastions. Réfugiés dans les arides montagnes environnantes, des milliers de Yazidis tentent de survivre entre la famine et les insurgés. Face à cette situation, les Etats-Unis ont largué en quatre fois depuis jeudi soir "plus de 74.000 repas et plus de 56.780 litres d'eau potable" aux populations en détresse, selon le Pentagone. La Grande-Bretagne, continue, de son côté, à larguer de l'aide. L'union européenne a dénoncé des "crimes contre l'humanité" dans les zones où progressent les hommes armés, évoquant des "persécutions et des violations des droits humains fondamentaux". Les forces kurdes en Irak, Syrie et Turquie travaillent ensemble pour briser le siège autour des monts Sinjar et secourir les déplacés. Enfin, le Conseil de sécurité de l'ONU a entamé la rédaction d'un projet de résolution visant à couper les vivres, en argent et en hommes, des jihadistes en Irak.