Des chefs des tribus et dignitaires sunnites irakiens, qui se sont soulevés contre le Premier ministre sortant Nouri al Maliki, sont prêts à coopérer sous conditions avec son successeur Haïdar al Abadi. Le nouveau Premier ministre, chiite comme son prédécesseur, doit former un gouvernement d'union nationale, afin de tenter de pacifier la province d'Anbar, où les frustrations sunnites face aux politiques sectaires de Nouri al Maliki ont poussé certains à rejoindre l'insurrection menée par les djihadistes de l'Etat islamique. Un des plus puissants chefs tribaux sunnites d'Irak, Ali Hatem Souleiman, chef de la tribu Doulaïmi, a assuré vendredi lors d'une intervention télévisée être prêt à travailler avec le nouveau Premier ministre, à condition que celui-ci assure le respect des droits de la minorité marginalisée par son prédécesseur. Les dignitaires sunnites d'Anbar et d'autres provinces ont dressé une liste de doléances qui doit être remise à Haïdar al Abadi, a annoncé un porte-parole du groupe à Reuters, appelant le gouvernement et les milices chiites à suspendre leurs hostilités pour permettre des négociations. "Il n'est pas possible de négocier sous les bombes", a déclaré le porte-parole. SISTANI EXPRIME SON SOUTIEN À ABADI Le plus haut dignitaire religieux d'Irak, l'ayatollah Ali al Sistani, a pour sa part exprimé son soutien vendredi au nouveau Premier ministre et exhorté les politiques à honorer leur "responsabilité historique" en coopérant avec Abadi pour affronter la menace constituée par les djihadistes sunnites de l'Etat islamique. S'exprimant pour la première fois depuis la démission de Nouri al Maliki, le grand ayatollah a considéré que l'arrivée du modéré Haïdar al Abadi constituait une rare opportunité de résoudre les crises politique et de sécurité. "Le soutien régional et international (à Abadi) constitue une rare opportunité (...) de résoudre tous les problèmes (de l'Irak), particulièrement ceux ayant trait à la politique et à la sécurité." Le nouveau Premier ministre irakien Haïdar al Abadi est soutenu dans les chancelleries occidentales, tandis que son prédécesseur refusait de démissionner après huit années au pouvoir qui ont eu pour effet de lui aliéner la minorité sunnite, au pouvoir sous Saddam Hussein, et de susciter la colère de Washington et Téhéran. Le dignitaire chiite a également demandé aux forces armées de n'arborer que les couleurs irakiennes pour ne pas mettre en exergue de différences sectaires. "Nous soulignons la nécessité que le drapeau irakien soit la bannière portée par les troupes (armées) et que celles-ci évitent d'utiliser tout autre symbole ou image", a déclaré l'ayatollah Sistani.