Les prix du pétrole se maintenaient dans le rouge vendredi en fin d'échanges européens, pénalisés par un net renforcement du dollar et toujours soumis à la double pression d'une demande faible et d'une offre abondante. Vers 10H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre valait 102,15 USD sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 48 cents par rapport à la clôture de jeudi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance cédait 85 cents, à 93,11 USD. Le dollar s'est nettement renforcé cette semaine, atteignant vendredi un plus haut depuis début septembre 2013 (à 1,3221 dollar pour un euro), les investisseurs pariant sur une hausse de taux anticipée aux Etats-Unis après plusieurs indices en ce sens. La publication mercredi des minutes du dernier comité de politique monétaire (FOMC) de la Réserve fédérale américaine a montré que certains membres du FOMC sont "de moins en moins en accord avec le message d'orientation monétaire" qui prévoit des taux bas "pour une période de temps considérable". Puis, la présidente de la Fed Janet Yellen a estimé, vendredi lors de son discours à la conférence de Jackson Hole (Wyoming, centre-ouest des Etats-Unis), que le marché de l'emploi américain n'était pas "encore totalement remis" tout en avertissant que si les progrès s'accéléraient, une hausse des taux plus rapide interviendrait. Le renforcement du dollar pèse sur les matières premières libellées dans la monnaie américaine, comme le pétrole, en les rendant plus coûteuses pour les investisseurs munis d'autres devises. Par ailleurs, les cours du brut restaient pénalisés par plusieurs facteurs (offre abondante, demande en berne notamment) qui les font chuter depuis quelques semaines déjà. "Le Brent et le WTI ont perdu plus de 10% de leur valeur au cours des deux derniers mois. Cette baisse a été provoquée par des inquiétudes sur les faibles perspectives de croissance économique mondiale, qui impactent négativement la croissance de la demande de pétrole", expliquaient ainsi les analystes du courtier PVM. De récentes données économiques moroses, notamment pour la Chine et la zone euro, ont en effet alimenté les craintes d'une faible demande de brut chez ces grands consommateurs d'or noir. De plus, "l'absence de perturbations de l'offre (pétrolière) dans le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord a contribué à pousser les prix à la baisse", poursuivait-on chez PVM. Malgré les combats entre les jihadistes et les forces armées irakiennes, les exportations pétrolières de l'Irak n'ont pas été perturbées - car elles partent majoritairement du sud, région qui n'est pour l'instant pas affectée par le conflit. Et même si la Libye est toujours plongée dans le chaos, les exportations pétrolières ont réussi à se redresser après plus d'un an d'interruptions à divers degrés. Selon Dorian Lucas, analyste au cabinet spécialisé dans l'énergie Inenco, les prix du pétrole devraient toutefois se redresser dans les prochaines semaines, car la demande est traditionnellement plus importante à l'automne.