Ils étaient nombreux les pays alliés qui ne savaient toujours pas, lundi à Paris, quel sera leur rôle au sein de la coalition internationale qui doit combattre l´Armée islamique en Irak et au Levant (AIIL). C´était le cas de l´Espagne, dont la présence du ministre des Affaires étrangères, José Manuel García-Margallo, à la réunion de Paris convoquée à l´initiative du Président François Hollande, même si cette présence fut en soi un premier indice concret d'engagement dans la lutte contre «l´Etat islamique». A une question que lui ont posé les journalistes sur l´envoi ou non par son pays d´armes à l´Irak, le ministre espagnol des AE avait répondu que «toutes les options sont sur la table», ajoutant que «nous faisons partie de la coalition». Ce qui n´est pas un engagement ferme en faveur de la solution armée préconisée par les Etats-Unis et une dizaine de faucons européens. Beaucoup de participants ignoraient le rôle précis de leurs pays respectifs dans cette coalition. Le chef de la diplomatie espagnole avait déclaré à son arrivée dans la capitale française : Nous attendons d´être informés de ce que nous devons apporter.» D´abord parce que «l´Irak n´a encore rien demandé et les Etats-Unis non plus concernant l´utilisation de ses bases de Séville et de Cadix pour leurs opérations contre l´AIIL. En outre, aucun des trente pays qui sont engagés d'«urgence» dans ces opérations n´a encore précisé son degré d´implication dans une offensive qui inclut bombardements aériens, intelligence, aide humanitaire et contrôle aux frontières. La prudence avait pris le dessus dans cette guerre que les Occidentaux entendent livrer au terrorisme en Irak et en Syrie avec le soutien d´une dizaine de pays arabes du Golfe et du Moyen-Orient, conduits par l´Arabie saoudite. Cette prudence s´explique par la nature de «ces objectifs complexes qui exigent des réponses complexes», estime une source diplomatique. Ce recul veut laisser encore toutes ses chances à «la voie diplomatique et au dialogue», selon le chef de la diplomatie espagnole qui s´était référé une seule fois à l´option militaire dans son intervention pour dire que «les opérations armées ne peuvent pas être la seule réponse au djihadisme». Lors du Sommet de l´Otan, qui s´est tenu les 4 et 5 septembre au pays de Galles, certains gouvernements alliés n´avaient pas participé aux premiers contacts qui ont tourné autour de la création d´une coalition internationale. Jusqu´en début de semaine, par exemple, le gouvernement français n´avait pas reçu de confirmation de la participation espagnole à la Conférence de Paris. C´est seulement lundi matin, à l´annonce de la présence de M. García-Margallo dans la capitale française, que la Moncloa (siège de la Présidence du gouvernement) avait indiqué dans son bulletin d´information que «l´Espagne souhaite que la réunion, convoquée pour demain par le Président François Hollande «sur les opérations qui doivent être menées en Irak contre les positions de l´Armée Islamique en Irak et au Levant (AIIL), puisse contribuer aux efforts de la communauté internationale en faveur de la paix et de la stabilité en Irak». Une opinion qui n´est ni seule ni isolée au sein de l´Alliance atlantique.