Au cours d'un déjeuner informatif organisé mardi par l'agence Europa Press, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel García Margallo, a jugé «inutile» une participation de son pays aux opérations militaires alliées contre l'«Etat islamique» en Irak. «Je pense que l'Espagne est plus utile dans les opérations de maintien de la paix de l'Union européenne au Mali, en République Centrafricaine ou en Somalie où elle est déjà présente. Le chef de la diplomatie espagnole s'est refusé à établir un lien entre ce refus d'engagement direct de l'armée de son pays et la guerre d'Irak de 2003 à laquelle avaient participé les troupes espagnoles, à l'initiative de l'ancien président du gouvernement José Maria Aznar et qui avait laissé de grandes séquelles et divisions au sein de l'opinion et de la classe politique espagnole. C'est vraisemblablement pour cette raison que les partisans de l'intervention militaire n'étaient pas la majorité lors du Sommet atlantique. Seule une dizaine d´entre eux étaient partants avec la stratégie du président Barack Obama. L´Espagne était parmi les plus hésitants. García Margallo dira que la présence militaire espagnole en Irak en 2003 «fut une douloureuse expérience». D´abord pour les critiques qu´elle avait suscitées. Ensuite par la décision de retrait du contingent militaire espagnol ordonné par l´ex-président socialiste José Luis Zapatero dès son arrivée au pouvoir en avril 2004, ce qui avait refroidi les relations entre Madrid et Washington. Si tous les pays alliés sont d´accord sur le principe de faire partie de la coalition anti-djihadiste en Irak, nombreux sont ceux qui souhaitent avoir un rôle d´ «arrière-garde». L´Espagne, elle, souhaiterait apporter une contribution dans le domaine du «transport stratégique» mais sans envoyer du matériel militaire aux peshmergas qui combattent contre l'EI. Le ministre espagnol des AE dit certes que «rien de concret n´a encore été décidé», mais il exclut implicitement tout engagement militaire de son pays à chacune de ses déclarations à la presse. Ainsi, sur l´envoi ou non par son pays d´armes à l´Irak, il avait laissé entendre, lundi dans la capitale française, que «toutes les options sont sur la table», mais sans, toutefois, se prononcer sur le rôle précis que l´Espagne aura à jouer au sein de cette coalition. «Nous attendons d´être informés de ce que nous devons apporter mais jusqu´à présent l´Irak n´a encore rien demandé, et les Etats-Unis non plus», concernant l´utilisation des bases de Séville et de Cadix pour leurs opérations contre l´EI.