Après les pays les plus pauvres du tiers-monde qui ont connu des reculs nets de leur PIB, c'est au tour, aujourd'hui, des pays développés de connaître le même scénario. Le Vieux Continent enregistre ces derniers temps un recul de son PIB. Les chiffres fournis par l'Office européen des statistiques Eurostat ont montré que, depuis la création de la zone euro en 1999, une baisse significative de la croissance a été enregistrée. «L'économie de la zone euro s'est ainsi réduite de 0,2% au deuxième trimestre comparé au premier durant lequel une croissance de 0,7% avait été enregistrée», a précisé Eurostat. Le risque de plus en plus grand d'une récession en Europe a fait donc plonger le Vieux Continent dans un climat d'angoisse et d'inquiétude. Les économistes n'évoquent pas encore la récession car l'on n'a pas encore enregistré deux trimestres consécutifs de croissance négative, mais emploient plutôt les termes «net ralentissement» ou encore de «croissance étouffée». Les responsables politiques, quant à eux, veulent anticiper toute surprise et organisent des réunions pour faire le point. La France, présidente en exercice de l'Union européenne, tout comme l'Allemagne, moteur du continent, en passant par l'Espagne et la Grande-Bretagne multiplient les rencontres. Et pour cause, leurs responsables, notamment ceux chargés des dossiers économiques, savent que l'enjeu est des plus importants, en ce sens que ces contre-performances économiques, qui font craindre les risques de plus en plus probables d'une récession, ne concernent pas seulement des secteurs de vieilles technologies (charbonnage, sidérurgie, etc.) ou ceux déjà arrivés à maturité (chantiers navals, automobile, etc.), mais également les secteurs de pointe, en l'occurrence l'informatique, les télécommunications, l'aéronautique, etc. En termes de perte, certains économistes prédisent que, dans ce cas, l'Europe pourrait enregistrer des baisses de salaires, des dégradations des conditions de travail, mais surtout des centaines de milliers de licenciements. En d'autres termes, un effondrement de l'économie européenne, comme celui déjà enregistré aux Etats-Unis, n'est pas à écarter. Hier matin, une réunion a été organisée par le Premier ministre français François Fillon. Convoqués à Matignon en catastrophe, les ministres français, notamment de l'Economie, du Budget qui ont été d'ailleurs contraints d'écourter leurs vacances, se sont réunis pour «analyser les causes de la dégradation de la conjoncture internationale» et «identifier les réponses qui devront y être apportées». La ministre de l'Economie Christine Lagarde a reconnu qu'«il ne faut pas s'attendre à un bon 3ème trimestre» car «les facteurs ayant pesé au deuxième trimestre sont restés présents en juin et pendant une partie du mois de juillet». Après une croissance de 0,4% au 1er trimestre, l'économie française a subi un sérieux coup de frein entre avril et juin, sous l'effet du pétrole cher, de l'euro fort et d'un ralentissement général de l'activité en Europe et aux États-Unis. La France, présidente en exercice de l'UE, devrait, selon les différentes agences de presse, s'efforcer de porter le débat de politique économique et budgétaire au niveau communautaire. A cet effet, durant le prochain sommet de l'UE, qui se tiendra le 12 septembre à Nice, cette problématique serait probablement au menu, ajoutent les mêmes sources. En Angleterre, selon la Chambre de commerce britannique (BCC), l'économie britannique va connaître la récession dans les six à neuf prochains mois. La perspective d'une crise de l'ampleur de celle subie par le pays au début des années 90 peut cependant être écartée, estime toutefois la BCC. «Nos prévisions trimestrielles font état d'une aggravation significative des perspectives économiques pour le Royaume-Uni. Il y a dorénavant une réelle possibilité de récession technique», a commenté David Kern, conseiller économique à la BCC. De son côté, la Banque d'Angleterre (BoE) avait souligné mercredi dernier qu'elle anticipait «un ou deux trimestres consécutifs de contraction du PIB». Autrement dit «une entrée en récession de l'économie britannique». La croissance est tombée à 2,3% sur un an au premier trimestre, au plus bas depuis trois ans, et de nombreux économistes jugent une récession possible au second semestre. S. B. Les besoins des banques commerciales de la zone euro estimés à 135 milliards d'euros Selon la Banque centrale européenne, les besoins des banques commerciales de la zone euro pour couvrir leurs obligations hebdomadaires de réserve minimum sont estimés à 135 milliards d'euros. Le résultat de la principale opération de refinancement organisée chaque semaine par la BCE sera publié aujourd'hui. Elle prendra le relais d'un précédent appel d'offres d'un volume de près de 176 milliards, au taux marginal de 4,37% et au taux moyen pondéré de 4,40%. Le taux minimum est fixé à 4,25% depuis début juillet, date à laquelle la BCE l'avait relevé d'un quart de point, justifiant le geste par sa volonté de lutter contre une inflation record en zone euro. Le taux devrait rester à ce niveau pour de nombreux mois, selon les économistes et les marchés. Même si l'inflation reste son souci majeur, la BCE a déjà reconnu une détérioration de l'économie et des risques pour l'avenir, un rééquilibrage dans son discours qui s'oppose à un nouveau durcissement des taux. Le produit intérieur brut de la zone euro a reculé de 0,2% au deuxième trimestre comparé au premier, soit la première baisse depuis la création de la zone euro en 1999.