Face aux nombreux cas de détournement de terres agricoles à des fins d'urbanisation et d'industrialisation, le ministère de l'Agriculture a décidé de sévir en émettant une nouvelle circulaire pour mettre un terme à cette pratique préjudiciable au secteur. Ainsi, toute saisie de terres agricoles à des fins d'urbanisation ou d'industrialisation «doit obéir à des règles strictes et ne doit s'opérer, à l'avenir, qu'avec l'aval des services centraux du ministère de l'Agriculture», avertit le texte. Les autorités locales sont appelées à faire de la sauvegarde des terres agricoles «une priorité», une mission qui nécessite l'adhésion de toutes les parties concernées, selon la circulaire, signée le 3 septembre dernier par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelwahab Nouri. En conséquence, ce nouveau texte règlementaire a appelé l'ensemble des autorités locales et, particulièrement, les directeurs des services agricoles et les conservateurs des forêts de wilaya, à l'effet «de prendre toutes les dispositions nécessaires, y compris le recours aux juridictions compétentes pour mettre un frein à cette situation qui nuit fortement à l'économie du pays». La circulaire a été adressée au secrétaire général de la Chambre nationale d'agriculture, au directeur général de l'Office national des terres agricoles, aux services agricoles et aux conservateurs des forêts auxquels le ministre demande «la mise en œuvre rigoureuse» de ces dispositions. Ces responsables «sont appelés, par conséquent, à veiller constamment au respect des instruments et règles liés à l'utilisation rationnelle des terres agricoles pour éviter toute forme de gaspillage de cette ressource rare et non renouvelable», insiste le document. Ceci étant, «les bilans établis dans le cadre des opérations de déclassement des terres agricoles révèlent, d'une manière claire, une consommation effrénée et sans précédent des terres agricoles à des fins d'urbanisation et d'industrialisation», indique la circulaire. Le ministre craint que si cette tendance venait à être maintenue, «la situation risque inévitablement de porter préjudice aux efforts déployés» par les autorités dans le domaine de la sécurité alimentaire durable, notamment au regard de la faiblesse de la surface agricole utile (SAU) qui ne représente que 3,5% de la superficie totale du pays. Le même bilan révèle «des pratiques condamnables de détournement de la vocation agricole des terres» et une «violation des lois et règlements de la République en recourant à des solutions de facilité et une légèreté sans précédent par la distraction des terres agricoles, souvent parmi les plus fertiles, voire même irriguées ou plantées». Suite à une décision du gouvernement mise en œuvre depuis 2011, l'affectation de terres agricoles au profit des projets de développement se fait par décret. Selon les statistiques du ministère de l'Agriculture datant de 2012, plus de 150 000 hectares de terres ont été détournés de leur vocation agricole depuis l'indépendance.