Créé avant même la promulgation de la Constitution du 23 février 1989 qui reconnaissait la création d'associations à caractère politique, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a vu le jour le 9 février 1989 à Tizi Ouzou, lors des assises nationales du Mouvement culturel berbère (MCB). «Le MCB est mort, le RCD est né», a déclaré devant un parterre de militants de la cause amazighe un membre fondateur de ce parti. Une déclaration qui a provoqué l'ire des populations, notamment de Kabylie.Ainsi, le 25 janvier 1990, alors que le MCB a appelé à une marche à Alger pour revendiquer l'officialisation de la langue amazighe, Saïd Sadi a préféré appeler au boycott de la manifestation sous prétexte que «le MCB est un mouvement clandestin». Depuis cette date, les populations kabyles ont décidé de bouder ce parti. D'ailleurs, à l'occasion des élections locales de juin 1990, le RCD a été battu par le FLN à Béjaïa et par l'ex-FIS à Draâ El Mizan, dans la wilaya de Tizi Ouzou ! En 1991, le RCD a tenu son premier congrès à Alger, qui s'est terminé par l'exclusion d'un nombre important de ses membres fondateurs, à leur tête l'avocat Mokrane Aït Larbi. Lors des élections législatives de décembre 1991, Saïd Sadi a été battu par Saïd Khelil, candidat du FFS dans la circonscription de Tizi Ouzou. «Je me suis trompé de société», a déclaré le chef du RCD en guise de réaction à sa défaite. Depuis cette date, le parti de Sadi a connu une succession de dissidences et de départs de nombreux cadres. L'année 1994 a connu le départ de l'une des figures emblématiques du parti, Ferhat Mehenni. Exclu des rangs du RCD, le chanteur Ferhat a accusé publiquement Saïd Sadi d'être un valet du pouvoir, voire sa création. Le départ de Mehenni a ébranlé sérieusement la formation du docteur Sadi. Par ailleurs, les positions contradictoires de ce parti à l'occasion d'importants événements politiques ont poussé de nombreux militants à quitter définitivement ses rangs. Alors qu'il a appelé au boycott de l'élection présidentielle d'avril 1999 qualifiée de «dernière fraude du siècle», le RCD a vite rejoint le gouvernement. Il a été représenté au niveau de l'Exécutif par deux ministres : Amara Benyounes et Hamid Lounaouci. La décision de quitter le gouvernement a été «justifiée» par les douloureux événements qu'a vécus la Kabylie en 2001. Durant la même année, Khalida Toumi, actuelle ministre de la Culture, Amara Benyounes, membre de la direction de campagne électorale de Bouteflika, et qui a fondé sa propre formation, Ould Ali El Hadi, directeur de campagne de Bouteflika à Tizi Ouzou, ont quitté le parti en compagnie de plusieurs militants et sympathisants. Tout récemment, c'est Djamal Ferdjellah, ancien vice-président du RCD et ancien chef du groupe parlementaire, qui a claqué la porte. L'hémorragie continue encore avec les départs moins médiatisés d'élus locaux et de militants de base. De bourde en bourde, de contradiction en contradiction, le RCD a fini par perdre toute sa crédibilité aux yeux de la population. Après la remise en cause du chiffre de 1,5 million de martyrs de la Révolution algérienne par le député Noureddine Aït Hamouda, le RCD a hissé le drapeau noir à la place du drapeau algérien au niveau de son siège national à El Biar. Ce sont là les signes de la fin d'un parcours d'une vingtaine d'années.