Quelque 6 millions de Boliviens ont commencé à voter dimanche lors d'élections générales qui devraient concrétiser le soutien massif dont jouit le président de gauche Evo Morales en lui accordant un troisième mandat et la majorité absolue au parlement. Les bureaux de vote ont ouvert à 08h00 locales (12hOO GMT) et fermeront à 16hOO locales (20h00 GMT). Pour la première fois, les Boliviens de l'étranger peuvent participer à l'élection, la huitième depuis le retour à la démocratie dans le pays. Le vice-président Alvaro Garcia Linera a été un des premiers membres du gouvernement à déposer son bulletin dans l'urne. Le président Morales, qui selon les sondages obtiendrait près de 60% des intentions de vote, votera dans son fief de Chapare, dans la région de Cochabamba (centre) dans la matinée. Le vote est obligatoire en Bolivie sous peine d'une amende élevée (quelque 60 dollars) et la consommation d'alcool a été interdite de même que le port d'armes à feu. La circulation des voitures particulières a été également réglementée pour les élections et un permis spécial sera nécessaire. Le principal candidat de l'opposition Samuel Doria Medina de l'Union Démocratique (UD), magnat du ciment et du fast-food et déjà rival malheureux de Evo Morales lors des deux dernières élections présidentielles, est crédité de 18% des intentions de vote. L'ex-président conservateur Jorge Quiroga (9%) arriverait en troisième position, devant le social-démocrate Juan del Granado (3%) et le candidat du Parti Vert Fernando Vargas (2%). Quelque 60 observateurs de 22 nationalités mandatés par l'Organisation des Etats américains (OEA) seront présents dans les diverses régions du pays. Les premiers résultats sortie des urnes ne devraient pas être connus avant 20h00 locales. Arrivé au pouvoir en 2006 avec 54% des voix, Evo Morales, premier président amérindien de Bolivie, a été triomphalement réélu en 2009 sur un score de 64%. Plus ancien président en exercice sur le continent, il devrait être reconduit dès le premier tour pour un mandat de cinq ans. Les élections verront également le renouvellement du Parlement, avec un Sénat de 36 membres et une Chambre des députés de 130 membres. Avec le contrôle du Congrès, les partis d'opposition ont exprimé leur crainte que le président Morales ait les mains libres pour modifier la Constitution en vue de réélections répétées. Interrogé sur la possibilité d'une nouvelle candidature à la fin de son probable nouveau mandat, en 2020, M. Morales a promis de "respecter la Constitution" de 2OO9, qui prévoit une seule réélection consécutive. "En neuf ans, nous avons appris à bien gouverner et c'est pour cela que nous gagnerons avec une large majorité", s'est félicité le président Morales auprès de ses partisans du Movimiento Al Socialismo (MAS) lors de son dernier meeting de campagne à El Alto, près de La Paz. Il arrive aux élections fort d'une stabilité politique inédite dans un pays qui a connu 160 coups d'Etat depuis l'indépendance en 1825. Il revendique aussi un des meilleurs taux de croissance de la région, et sa gestion du pays, un des plus pauvres d'Amérique latine, a reçu les encouragements des organisations internationales. "Con Evo vamos bien" ("Avec Evo, nous allons bien") clament les affiches omniprésentes du candidat dans les rues de La Paz, où celles de ses rivaux brillent par leur absence. Pour les habitants de la capitale, la preuve concrète d'une meilleure qualité de vie est quotidienne et a pris la forme du téléphérique urbain reliant depuis quelques mois La Paz et El Alto entre 3.200 et 4.000 mètres d'altitude. Avec ses cabines silencieuses, ultra-modernes et rutilantes - rouges, jaunes ou vertes, les couleurs du drapeau bolivien - cette ligne, véritable métro de l'air, a révolutionné la vie de milliers d'usagers de la capitale la plus haut perchée du monde. Pour son rival, Samuel Doria Medina, le gouvernement Morales est synonyme de "plus de corruption, plus de trafic de drogue et plus d'insécurité".