La folie des prix que traverse actuellement le marché, et particulièrement celui des fruits et légumes, continue à faire parler d'elle ces jours-ci. Aucun marché n'a fait exception, car ils sont tous atteints du virus nommé "flambée".En effectuant hier une visite au marché de gros pour fruits et légumes de Bougara, à quelques encablures de Larbaâ, considéré comme la plaque tournante desservant la grande majorité des marchés d'Alger et de ses environs, et vu les tarifs proposés sur les lieux, la première idée qui fait surface, c'est que c'est de là que vient le mal. Ici, les revendeurs sont rois. Ils sont répartis par groupes dans des dépôts loués pour l'occasion, et qui leur servent d'aires de stockage pour la marchandise achetée au petit matin chez les rares agriculteurs qui se présentent pour vendre leurs produits. Et c'est de là qu'ils monopolisent les débats en matière de tarifs. Bien que l'on soit dans un marché supposé être destiné pour la vente "en gros", la tomate est à 75 DA/kg , la carotte à 25 DA, les oignons à 45 DA. Idem pour les fruits : la pomme royale à 115 DA/kg, l'orange à partir de 75 DA, ainsi que la banane qui est cédée à 120 DA. Notre virée dans ce lieu précisément s'est faite dans le but de connaitre les dessous de cette énigme, notamment concernant le prix de la pomme de terre qui réalise ces derniers temps une montée en puissance défiant la chronique. Il est midi pile, le marché commence à se vider, les différentes sortes de fruits et légumes sont là dans l'attente d'un preneur ; par contre, la "patate" se fait rare, pour ne pas dire introuvable, car la plupart des stocks ont été vendus en début de matinée au prix fixe de 80 DA/kg. Un peu plus loin, sur une piste nommée "El tahtaha" (la placette), l'on apercevra un des rares vendeurs encore présents sur les lieux, devant lui une trentaine de sacs de pomme de terre de 30 kg chacun. Nous nous étions présentés en tant que propriétaires d'un restaurant à la recherche de pomme de terre à un tarif raisonnable. Le vendeur susmentionné nous dira d'un ton sans réplique : "La pomme de terre est à 80 DA/kg, ni plus ni moins, et n'essayez pas de négocier car c'est mon dernier mot". On ne peut être plus en position de force. Après de longues négociations, il nous cédera sa marchandise à 77 DA/kg, en précisant qu'il nous fait une faveur parce que le marché tire à sa fin. Les agriculteurs et les revendeurs, premiers coupables ? Pour la plupart des citoyens, ce qui ce passe, c'est de la faute des commerçants, surtout des grossistes qui font leur propre loi. Mais sur le terrain, l'on constatera que les agriculteurs sont les premiers responsables, car au lieu de venir vendre leur marchandise, ils optent pour les intermédiaires, en l'occurrence les revendeurs. Et cette preuve se concrétise par la fluctuation de la mercuriale, et ce, même au niveau du marché de gros : chez l'un, on trouvera un prix, et à quelques encablures, la somme change comme par enchantement.Ces exemples illustrent parfaitement que ce mal profond et inexplicable ne peut être éradiqué qu'à la source en mettant fin de façon drastique aux agissements des principaux acteurs de cette escroquerie que sont les agriculteurs et leurs homologues revendeurs. Et ainsi mettre fin au cauchemar du citoyen car c'est lui seul qui endure.