Si la hausse du prix de la pomme de terre ne s'achèvera pas de si tôt et prend même des allures de saga télévisée, les prix des légumes consommés par les Algériens ne seront, hélas, pas en reste. «Entre 25 et 30 DA, tel sera le prix de la pomme de terre durant les mois de mai, juin et juillet» prévoit Mohamed Medjber, président de l'Association des mandataires (marchés de gros) affiliée à l'Ugcaa, ajoutant, hélas, que «les tarifs proposés sur les étals des marchés se maintiendront tout au long du mois d'avril entre 80 et 90 DA.» La montée en flèche des prix des légumes, et plus particulièrement de la pomme de terre serait, selon notre interlocuteur, «due essentiellement à la cherté des semences et des engrais utilisés par les agriculteurs». D'autre part, Mohamed Medjber a affirmé que «présentement, la demande dépasse largement l'offre, car les stocks de pomme de terre sont épuisés», ce tubercule ne pouvant être stocké plus de quatre mois. Il a par ailleurs soulevé d'autres paramètres à l'origine de la flambée des prix du fameux féculent, en premier lieu «la désorganisation du secteur et les transactions d'agriculteurs en dehors des cercles de vente en gros.» Un autre facteur à l'origine de la hausse, cette fois dans l'ouest du pays : le «cartel» des producteurs de pomme de terre, et «les achats de première heure de quantités impressionnantes de la part de différentes parties». La cherté du produit en question a engendré un effet de panique chez certains commerçants «qui raflent toutes les marchandises encore en vente dans les wilayas de Aïn Defla, Mascara et Mostaganem», a-t-il soutenu. Toutefois, il a mis en relief la sous-production dans ces régions, puisque «les agriculteurs se sont heurtés à des problèmes d'ordre financier», car outre la semence achetée à 0,5 euro et les frais de douanes, plus de 60% des agriculteurs n'ont pas pu exploiter leurs terres, précisant que «ces derniers ne sont pas concernés par la décision présidentielle portant suppression des dettes des agriculteurs». Dans le même sillage, il a expliqué que la hausse résulte d'une façon générale de l'absence d'un suivi de stratégie globale de production de la pomme de terre : «Les agriculteurs sont livrés à eux-mêmes et ne suscitent guère l'intérêt des autorités concernées, même si les pouvoirs publics ont supprimé la TVA, qui était de l'ordre de 17%». Ayant fait le tour - non exhaustif - des causes de cet épineux problème, M. Medjber préconise une solution : la production en Algérie des semences et des engrais pour en finir avec l'importation. «Dans le cas contraire, la pomme de terre connaîtra un scénario identique dans les prochaines années» prophétise-t-il. Un dispositif de régulation des prix des fruits et légumes permettrait néanmoins de stopper cette spirale jusqu'ici incontrôlée.