Il semblait y avoir une classe d'écart samedi soir entre Carlo Ancelotti et Luis Enrique: le Real Madrid de l'expérimenté entraîneur italien a donné la leçon (3-1) au FC Barcelone du jeune technicien asturien, à nouveau recalé à un examen de passage. Le Real magistral "Je ne suis pas encore professeur", plaisantait vendredi Carlo Ancelotti en conférence de presse. Pour autant, son Real Madrid a été magistral samedi soir face à un Barça qui était jusque-là invaincu en Liga et n'avait pas encaissé le moindre but. Les Madrilènes ont suivi à la lettre le plan esquissé par l'Italien: discipline défensive, maîtrise en milieu de terrain, vitesse en contre et la patience de "ne pas perdre la tête" après l'ouverture du score précoce de Neymar. "Mes joueurs travaillent avec un professionnalisme et un sérieux uniques. Ils suivent les instructions et l'idée de jeu", s'est réjoui Ancelotti samedi. Déjà trois fois lauréat de la Ligue des champions comme entraîneur, "Carletto" s'est notamment fait une spécialité de reconvertir les milieux créatifs en joueurs tout terrain: samedi, face au trio emblématique Xavi-Busquets-Iniesta, Ancelotti a ainsi aligné ensemble quatre milieux offensifs reconvertis dans son 4-4-2. Dans l'entrejeu, Isco, James Rodriguez, Toni Kroos et Luka Modric ont fait la loi, défendant, volant des ballons et contribuant offensivement (passes décisives de Kroos et James). Résultat: même sans Gareth Bale, blessé, le Real a enchaîné une neuvième victoire consécutive toutes compétitions confondues (38 buts inscrits, 6 encaissés), et est revenu à un petit point du leader barcelonais en Liga. Benzema-Casillas, pupilles de Carlo Karim Benzema et Iker Casillas ont tous les deux été en proie aux sifflets en début de saison. Mais Carlo Ancelotti les a toujours soutenus et les deux élèves se sont appliqués à lui donner raison samedi soir. L'attaquant français, en particulier, a été étincelant. Brillant dans ses déplacements, intelligent dans son jeu, Benzema a été ovationné par le stade et désigné homme du match par les quotidiens sportifs madrilènes As et Marca. Le Français a ponctué sa démonstration d'un but magnifique en contre et il reste sur sept buts en sept matches avec le Real, signe qu'à 26 ans, il a atteint peut-être enfin sa plénitude à Madrid grâce à "Carletto". Quant à Casillas, bouc-émissaire des défaites initiales du Real en Liga (4-2 contre la Real Sociedad, 2-1 contre l'Atletico), il a eu droit samedi à des "Iker! Iker!" de la part du Bernabeu: le portier a sorti deux parades décisives, devant Lionel Messi puis Jérémy Mathieu, justifiant la confiance d'Ancelotti. Luis Enrique, échecs aux examens Déjà battu fin septembre lors de son premier grand test face au Paris SG en C1 (3-2), le Barça de Luis Enrique n'a pas fait mieux dans le clasico. Et si l'optimisme allait crescendo au Camp Nou après le très bon début de saison en Liga, la défaite de samedi remet les Catalans à leur place: celle d'une équipe en reconstruction, dont beaucoup de cadres ont changé. "Cette défaite montre clairement qu'il y a des adversaires aussi bons que nous, voire, comme ce (samedi) soir, meilleurs que nous", a résumé Luis Enrique. L'Asturien, 44 ans, a un bien modeste CV d'entraîneur par rapport à Ancelotti et cela se voit: en seconde période, le technicien a choisi de sortir Xavi juste au moment où celui-ci allait tirer un corner, pour lancer Ivan Rakitic. Le Croate, à froid, a très mal frappé ledit corner, ce qui a amené une contre-attaque madrilène synonyme de troisième but. Reste que Barcelone est toujours leader du classement, ce qui laisse un peu de marge à Luis Enrique pour rebondir. En outre, le trio "MSN" (Messi-Suarez-Neymar) s'est montré prometteur: Luis Suarez, de retour de suspension, a notamment adressé une passe décisive à Neymar et à plein régime, ces trois-là pourraient faire des dégâts.