Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a affirmé mardi que les témoignages de Moudjahidine et moudjahidate enregistrés sur les affres du colonialisme totalisaient jusqu'a présent 4.000 heures. Le musée national du Moudjahid, qui relève du ministère des Moudjahidines a enregistré jusqu'à présent 4000 heures de témoignages de moudjahidines et moudhjadates, qui ont vécu les différentes étapes de la révolution et celles qui ont précédé, sur les affres endurés par les Algériens sous le joug colonial, a indiqué le ministre dans un entretien accordé à l'APS la veille de la célébration du 60eme anniversaire du déclenchement de la révolution de libération. Il a lancé un appel à tous ceux qui ont vécu la révolution à apporter leur témoignage "dans les meilleurs délais" afin, a-t-il dit, de contribuer à l'écriture de l'Histoire de l'Algérie. Le ministre a mis en avant l'intérêt "capital" que son secteur accorde à l'écriture de l'histoire soulignant qu'à cet effet tous les moyens matériels et supports audiovisuels nécessaires étaient mobilisés. A une question relative au processus d'écriture de l'histoire de la révolution, il a répondu que plusieurs moudjahidines, malgré leur âge, apportaient leur témoignage soit au niveau du musée du moudjahid soit à titre individuel (mémoires ou enregistrement-audio). Le ministère des moudjahidines a initié une entreprise gigantesque pour collecter le maximum de témoignages vivants, a-t-il encore soutenu. Les artisans de l'Histoire sensibles au sursaut des historiens Le ministre des moudjahidine a insisté, lors de cet entretien, sur la prise de conscience, ces dernières années, par les historiens et les chercheurs algériens de l'importance de l'écriture de l'histoire du mouvement national et de la révolution nationale. Il veut pour preuve le nombre important d'ouvrages et de publications publiés quotidiennement à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. M. Zitouni estime toutefois que le rythme d'écriture de l'histoire "n'est pas tout à fait satisfaisant". Par ailleurs il a tenu à préciser que la mission d'écriture de l'histoire n'incombait pas à son département ministériel. "Il est faut de croire que le ministère des moudjahidine est celui qui écrit l'Histoire. Il rassemble tous les témoignages, enregistrements et documents auprès des citoyens et les met à la disposition des étudiants, des chercheurs et des historiens", a-t-il soutenu. "Nous possédons des milliers de livres d'histoire et nous allons, à l'occasion du 60eme anniversaire du déclenchement de révolution nationale, publier plusieurs titres en langues arabe, française, anglaise et amazighe, outre les mémoires de moudjahidine en cours d'écriture". "Il est du devoir du ministère des moudjahidine de mettre tout le patrimoine historique qu'il recèle à la disposition des personnes intéressées, notamment les jeunes assoiffés de connaître leur histoire et leur passé, ainsi que les chercheurs", a-t-il rappelé, évoquant l'affluence "massive" de moudjahidine, artisans de la gloire de l'Algérie, pour enregistrer leurs témoignages, ainsi que l'engouement des étudiants et des historiens pour l'histoire de l'Algérie, les hauts faits et autres aspects méconnus de la révolution nationale". L'écriture de l'histoire figure parmi les priorités du ministère des moudjahidine et celui-ci s'est assigné comme objectifs la préservation de toute la littérature liée à la révolution nationale dans la mémoire collective du peuple algérien "pour la transmettre aux générations montantes et leur inculquer les valeurs du patriotisme et de fidélité au serment des chouhada", a-t-il dit. M. Zitouni a fait savoir qu'une réflexion était engagée au niveau de son département ministériel pour la création d'une chaîne dédiée à l'histoire. L'idée est "en phase de maturation", a-t-il indiqué soulignant toutefois qu'il n'était pas facile de créer une chaîne spéciale histoire et d'assurer, surtout, une diffusion durable". Pour ce qui est de l'importance des archives dans l'écriture de l'histoire de la révolution, le ministre a tenu à préciser que son département ne retenait aucune de ces archives qui constituent un dénominateur commun entre tous les Algériens". A ce propos, il a démenti "catégoriquement" l'existence d'archives secrètes détenues par le ministère des Moudjahidine. "Nous n'avons rien à cacher. Tout le contenu des archives relève de l'histoire commune à tous les Algériens et il leur appartient à tous". Premier Novembre 2014: Une occasion pour conforter l'unité et la solidarité Evoquant la célébration du 60ème anniversaire du déclenchement de la guerre de libération, M. Zitouni a exprimé le souhait que cette occasion puisse "conforter notre unité car l'Algérie se trouve dans une situation sensible qui nous interpelle à l'effet de resserrer nos rangs". Cette unité doit se concrétiser, a précisé le ministre, par "l'intérêt accordé à l'histoire et à la célébration de cet événement de la manière qui lui sied", a-t-il. Il a fait savoir à ce propos que les festivités marquant la célébration de cet évènement et auxquelles prendront part plusieurs secteurs, "seront populaires en premier lieu, conformément aux orientations du président de la République. Il s'agit pour nous de marquer une ère nouvelle de notre histoire riche en gloires et hauts-faits", a souligné le premier responsable du secteur rappelant que ces festivités organisées sous le slogan "Novembre Liberté" s'étaleront sur une année. Au volet de la prise en charge sociale et sanitaire des moudjahidine et ayants droits, le ministre des Moudjahidine est revenu sur les efforts visant à assurer une prise en charge "effective" de cette catégorie, dans le cadre de la lutte contre la bureaucratie et la facilitation des mesures administratives qui entravent l'activité du secteur, et qui sont d'une certaine manière préjudiciables aux moudjahidine. Il a cité, entre autres mesures, celles relatives à la possibilité pour le moudjahid de retirer la carte attestant de la qualité de membre de son lieu de résidence et de renseigner un seul formulaire pour bénéficier des soins au niveau des stations thermales. Il a, en outre, affirmé que son département ministériel avait pour mission première d'assurer la prise en charge des moudjahidine et de leurs ayants droits et de préserver la continuité entre les générations. S'agissant du nombre de moudjahidine répertoriés dans les archives du ministère, M. Zitouni a indiqué que ses services "œuvrent actuellement à l'actualisation des données relatives à ce dossier", ajoutant que "le moment opportun, le nombre exact des moudjahidine ayant participé à la guerre de libération sera dévoilé". Revenant au sujet de la reconnaissance qui a fait coulé beaucoup d'ancre ces dernières années et motivé plusieurs recours, le ministre a indiqué que "la reconnaissance a été clôturée en 2002 sur décision de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) et nous ne pouvons rouvrir ce dossier aujourd'hui, 53 ans après l'indépendance". Quant à l'affaire des "faux moudjahidine" examinée par 200 magistrats, M. Zitouni a indiqué suivre le dossier par le biais de la presse, affirmant que le ministère "appliquera les décisions de la justice à la lettre". Il a, par ailleurs, déploré les retombées de cette affaire qui porte atteinte aux Algériens et à l'Algérie, estimant que "la phase actuelle exige l'unification de nos efforts et démarches pour construire l'avenir du pays, avec optimisme".