Amartya Sen, prix Nobel d'économie, soulignait qu'«il ne peut y avoir de développement durable sans démocratie…». Effectivement, il n'y aurait pas de développement dans toutes ses dimensions politiques, économiques, sociales et environnementales sans multipartisme et sans participation politique aux élections. La réussite du modèle de la politique repose sur la conception que le pouvoir politique procède du peuple. Il ne peut donc y avoir de démocratie sans implication du citoyen, c'est-à-dire sans citoyen actif et agissant dans le choix ou le non choix de son représentant. En effet, il ne peut y avoir participation politique si on ne se considère pas partie prenante de la société, si l'on ne ressent pas le sentiment d'appartenance, si l'on ne dispose pas des moyens de se faire entendre, ces moyens pouvant être institutionnels et démocratiques ou correspondre à des ressources personnelles : en bref, pas de démocratie sans participation des citoyens. En sciences politiques, la participation est un terme général qui désigne les différents moyens selon lesquels les citoyens peuvent contribuer aux décisions politiques. Pour que cette participation en toute connaissance de cause soit possible, un degré de citoyenneté est nécessaire. L'idéal des élections rejoint donc le mythe du citoyen actif et engagé : l'implication du citoyen dans la vie politique institutionnalisée est couramment appelée la participation conventionnelle. Les citoyens doivent, pour exercer leur devoir de membre de la communauté politique, participer à l'élection de leur représentant car le peuple ne peut parler, ne peut agir que par son représentant actif sur le plan national et international. Les citoyens ont donc aussi une grande responsabilité pour faire développer cette démocratie : c'est la problématique du bon choix d'un candidat compétent pour les représenter. C'est autour du bon choix du candidat, de l'élection et donc de l'acte de vote que s'ordonne cette participation conventionnelle, mais celle-ci peut s'étendre à tout ce qui concourt à produire le processus électoral (intérêt porté à la vie politique par des comportements de bonne citoyenneté…). L'égalité des droits est une condition de la participation politique, même si cela ne suffit pas : Tocqueville explique ainsi que l'imaginaire et l'idéal démocratiques l'emportent sur l'idéologie du rang. Le fait de se sentir égaux est au fondement même de la participation politique. En effet, pour être totalement citoyen, il ne faut pas être assujetti aux obligations de produire pour autrui, ne pas être contraint de s'insérer dans des relations de service et de dépendance. L'idée du lien politique qui unit des égaux est au fondement de l'idée même de démocratie et du contrat social de Rousseau. Mais nous savons aujourd'hui que cette égalité signifie que l'individu ne se retrouve pas dans une situation de grande dépendance qui le conduirait à être sous tutelle d'individus ou d'organismes charitables ou étatiques. Selon certains politistes tels que B. Denni et P. Lecomte, qui s'accordent pour établir un sens à la participation conventionnelle, le concept de participation serait «l'ensemble des activités par lesquelles les citoyens sont habilités à entrer en contact avec l'univers sacré du pouvoir, toujours de façon superficielle ou éphémère et en respectant certaines contraintes rituelles». En effet, la participation politique peut être considérée comme un acte volontaire visant à influencer des élections par le bon choix permettant par la suite des prises de décisions politiques efficaces. Se prévaloir de son droit de vote, tenter d'influencer les grandes lignes d'une politique ou chercher à obtenir des avantages pour le pays, dans l'intérêt de la nation, sont autant d'exemples de participation politique. En Algérie, il est donc important d'avoir une bonne participation politique pour faire élire une représentation compétente soutenue par la majorité du peuple qui pourra participer efficacement dans la mise en œuvre de l'action publique. En effet, voter en force dans une élection présidentielle revient à voter pour la nation, pour la démocratie et pour la consolidation de la position stratégique du Président. L'on peut constater dans la campagne électorale qui sévit actuellement en Algérie que les partis de la coalition (FLN, RND et MSP) et la majorité de la société civile soutiennent fortement le candidat Bouteflika. Ainsi, une grande partie de la population soutient le président sortant. Ceci peut s'expliquer par le charisme de ce candidat et ses réalisations dans le pays sur les plans politique, sécuritaire et économique. Enfin, les citoyens doivent être sensibilisés et mobilisés sur tout ce qui concerne l'intérêt public, et sur ce qui peut être entrepris pour développer le pays. Force est de dire que la mobilisation des citoyens doit procurer des avantages à ces derniers, aux institutions de l'Etat et tout simplement au développement. Les enjeux d'une élection peuvent renforcer aussi les identifications partisanes et la participation politique. C'est donc au candidat choisi de modeler ses stratégies sur des enjeux ressentis par l'électorat.