Kamel Messaoudi a brûlé toutes les étapes, en touchant par sa voix douce et ses sujets bien choisis une jeunesse meurtrie par les fléaux sociaux, la dépression, l'angoisse et la peur de l'avenir. Il était simple. Il avait une très belle voix. Sa voix est montée au moment où toute la jeunesse algérienne avait besoin de quelqu'un pour la réconforter et la conseiller. Kamel Messaoudi était à la fois le confident, l'ami et le soutien de cette jeunesse qui écoute toujours ses chansons. Kamel Messaoudi était le plus timide des artistes, mais le plus percutant par ses sujets qui vont droit au cœur. Né en 1961 à Bouzaréah, il a vécu comme la plupart des enfants de cette commune perchée sur les hauteurs d'Alger en jouant au football. Bien qu'il était un élève studieux, cela ne l'empêchait pas d'aller avec ses copains pour chasser les moineaux et les rouges-gorges dans les forêts de Bouzaréah. Il aurait pu être un grand footballeur Au football, il s'était distingué par ses dribbles jusqu'à être conseillé pour suivre une carrière de footballeur. Le choix était très difficile pour le gentil garçon dont le père voulait qu'il aille loin dans ses études.Le destin a voulu que Kamel se retrouve à l'UNJA (Union nationale de la jeunesse algerienne). Il profite donc de cette opportunité ainsi que de la présence de son frère qui était musicien. C'est là que tous les jeunes voient en lui un futur chanteur. Il avait tout : la voix, le charme et l'attirance. Ayant débuté au moment où la majorité des éditeurs et des programmateurs tournaient le dos à la chanson chaâbie pour laisser la voie à la chanson vulgaire, Messaoudi devait attendre quelque temps pour s'imposer. Fils de bonne famille et homme de principes, on ne pouvait pas lui dicter son chemin. Son premier produit est carrément refusé par les éditeurs, alors que le second n'attire pas l'attention. Comme une bougie Croyant en ses capacités et ses dons, Kamel Messaoudi reviendra plus tard avec Ya chemaâ, un tube qui secouera toute la jeunesse du début des années 1990, tout comme Ya noudjoum ellil, Kalthoum et tous les succès qui suivront. Comme la bougie à laquelle il a dédié une de ses premieres chansons, la voix de cet artiste va illuminer toute cette jeunesse en quête d'encouragement pour résister au mal-vivre et à la pression intégriste montante qui voulait l'étouffer en lui interdisant de chanter. Les cassettes de Kamel Messaoudi sortiront du lot et occuperont une bonne place chez les disquaires. Dans les voitures, les places publiques, les cafés et les coins les plus reculés, les jeunes écoutent les chansons de Kamel Messaoudi et les apprennent par cœur. C'est un mouvement musical qui venait d'être créé sans que les spécialistes ne s'en aperçoivent. Le secret de Messaoudi était basé sur la simplicité et l'influence de ses chanteurs préférés. Chez Messaoudi, il y a du Julio Iglesias, du Enrico Macias, du Hasnaoui... Le protecteur de la jeunesse Messaoudi n'était pas un imitateur. Il était lui-même. Il était toute la jeunesse qu'il représentait et défendait. Sans le déclarer et sans le vouloir, il était le protecteur et le porte-parole de cette jeunesse qui ne savait plus où aller. Très tôt, le destin a mis fin à cette carrière riche d'un artiste qui a continué d'être simple et modeste au moment où il était devenu une vraie star. Le 10 décembre, alors qu'il retournait chez lui après être passé en direct dans une émission télévisée, un accident de la circulation l'arracha à sa mère, sa famille et à toute la jeunesse algérienne qu'il a su protéger et aider dans ses moments les plus difficiles.