Plus de 2.000 soldats de la Garde nationale ont sillonné mardi soir les rues de Ferguson aux Etats-Unis pour prévenir une nouvelle nuit d'émeutes au lendemain du non-lieu prononcé dans l'affaire Michael Brown. A la nuit tombée, plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés aux cris de "Pas de justice, pas de paix!" près du commissariat de cette commune de la banlieue de St Louis, dans le Missouri. Au moins deux personnes refusant de quitter les lieux ont été interpellées. A quelques kilomètres de là, des gardes nationaux en tenue de camouflage et armés de fusils d'assaut patrouillaient autour des commerces, dont certains ont été la cible de pillards lundi soir après l'annonce de la relaxe de l'agent Darren Wilson. Le gouverneur du Missouri, Jay Nixon, a précisé qu'environ 700 gardes nationaux avaient été déployés lundi autour de Ferguson et que ce nombre devait être porté mardi à 2.200 afin de protéger les habitations et les commerces. La mort de Michael Brown, un adolescent noir de 18 ans abattu par Wilson, a relancé le débat sur les tensions raciales aux Etats-Unis et les relations difficiles entre la police et la communauté afro-américaine. Des manifestations se sont déroulées mardi dans plusieurs grandes villes américaines, de Los Angeles à Washington. A New York, la police a fait usage de gaz au poivre pour disperser la foule qui tentait de bloquer le Lincoln Tunnel et de marcher sur Times Square. A Oakland, en Californie, et à Atlanta, en Géorgie, des manifestants ont bloqué la circulation. Les émeutes survenues dans la nuit de lundi à mardi à Ferguson ont été plus intenses que celles qui ont suivi la fusillade mortelle le 9 août dernier. Une douzaine de commerces ont été incendiés et la police dit avoir été visée par des coups de feu. Une soixantaine de personnes ont été arrêtées. Ces violences restent cependant plus modestes que les émeutes de 1992 à Los Angeles, déclenchées par l'acquittement des policiers qui avaient passé à tabac l'automobiliste noir Rodney King un an plus tôt. Le ministre de la Justice a regretté les violences et les pillages à Ferguson, réclamant une enquête afin que les "éléments criminels" soient dissociés des manifestants pacifiques. Barack Obama a de son côté invité les Américains à engager un débat "constructif" sur les tensions raciales et le maintien de l'ordre aux Etats-Unis en réponse au drame de Ferguson, tout en promettant la fermeté contre les fauteurs de troubles.