Le président français François Hollande a affirmé samedi soir à Dakar que l'Afrique était entrée dans l'histoire et était «aussi une partie de notre avenir», contrairement au discours prononcé il y a sept ans par l'ex-président Nicolas Sarkozy dans la capitale sénégalaise. Le chef de l'Etat français, qui participe au Sommet de la francophonie, s'est rendu en fin de journée sur la tombe du premier président du Sénégal indépendant, Léopold Sédar Senghor, mort en France en 2001. A sa sortie du cimetière où le poète est enterré, et en réponse à une question sur l'héritage laissé par cet ancien académicien, François Hollande a estimé que Léopold Sédar Senghor avait «montré qu'il avait le sens de l'histoire». Sans citer son prédécesseur, le président François Hollande lui a répondu, dans un moment particulièrement choisi puisque Nicolas Sarkozy espérait être élu, en début de soirée, à la présidence de l'UMP et gagner ainsi la première étape d'une nouvelle course vers l'Elysée. «Je n'oublie pas que l'Afrique, c'est le berceau de l'humanité. C'est l'Afrique qui a fait notre propre histoire, l'histoire de l'humanité», a dit François Hollande en sortant du cimetière où est enterré Léopold Sédar Senghor. «Ensuite, c'est l'Afrique qui montre qu'elle va être le grand continent de l'avenir. Parce que c'est ici en Afrique que vont se produire les plus grandes évolutions», a-t-il ajouté. «Démographique, qu'il va falloir maîtriser. Economique, parce que c'est un continent plein de richesses et donc de potentialités de croissance. Et un enjeu pour l'expression du français. L'Afrique est non seulement dans l'histoire mais l'Afrique est, si je puis dire, aussi une partie de notre avenir.» Les souhaits de l'Algérie L'Algérie a émis le souhait de voir les assises de Dakar sur la francophonie projeter une «dynamique salvatrice» de resserrement de la trame de la coopération internationale autour du pari pour un avenir «qualitativement meilleur» pour tout le genre humain. «C'est forte de cette conviction que l'Algérie associe sa voix et son action à celle de toutes les bonnes volontés, y compris au sein de la francophonie, en espérant que ces assises de Dakar projetteront une dynamique salvatrice de resserrement de la trame de la coopération internationale autour du pari pour un avenir qualitativement meilleur pour tout le genre humain», a indiqué le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, à Dakar dans une contribution aux XVe Sommet de la francophonie qui se déroule au Sénégal. «Dans un monde où la culture est parfois réduite à une quantification marchande, ce rassemblement peut nous permettre de nous retrouver autour d'un souhaitable consensus sur la vocation libératrice de la culture, vecteur des valeurs de paix et de compréhension entre nos peuples certes, mais aussi sur les moyens de combattre, par l'enseignement et l'éducation, l'intolérance, l'extrémisme et les préjugés, y compris raciaux, qui sont souvent à l'origine de la violence et du terrorisme ciblant notre jeunesse et nos sociétés», a affirmé M. Lamamra, chargé par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, de représenter l'Algérie à l'Organisation internationale de la francophonie. «Langue nationale ou officielle, langue étrangère ou d'usage largement répandu, la langue française est, telle que nous l'avons en partage aujourd'hui, riche et plurielle, quel que soit le cheminement historique par lequel elle nous est parvenue, qu'elle ait constitué un héritage maternel pour certains, ou colonial pour beaucoup d'entre nous», a fait observer M. Lamamra. En ce sens, il a relevé que «pour les Algériens, ainsi que l'exprime l'immortelle formule du grand écrivain Kateb Yacine, la langue française constitue un –butin de guerre–, vécue comme extérieure certes, mais en même temps acceptée comme nécessaire pour la part de lumière qu'elle peut projeter sur notre espace de rapprochement et de découverte mutuelle».