Inédite, c'est le moins que l'on puisse dire à propos de l'initiative du président bolivien. Elle a toujours constitué le recours, l'ultime des syndicalistes ou une force sociale pour appuyer une quelconque plate-forme de revendications qui n'a pas abouti au bout des traditionnels mouvements de débrayage et autre sit-in. Mais de là à ce qu'un homme politique de la trempe d'un Président de tout un pays, cela relève incontestablement d'une trouvaille dont seul Evo Moralles a le secret. Et pour cause, ce premier président d'origine indienne voit son désir de briguer une seconde mandature à la tête de l'Etat quelque peu contrarié quoique partant, pourtant, favori. En prévision du scrutin général (élections législatives et présidentielles), prévu en décembre prochain, le président a proposé un projet d'une nouvelle loi électorale. Seulement, s'il a la chance de passer presque comme une lettre à la poste au niveau de l'Assemblée nationale dont la majorité est détenue par le Mouvement vers le socialisme (MAS) dont il est issu, il n'en est pas le cas au sénat dominé par l'opposition de droite. Et la pomme de discorde, la velléité prêtée à Morales de se faire une loi électorale sur mesure à même de lui garantir une majorité aux prochaines législatives et une seconde mandature sans accros majeurs. Une intention contrariée donc par les préalables avancés par l'opposition avant l'examen dudit projet de loi électorale. Ils consistent en un accord sur un registre électoral actualisé biométrique, avec empreintes digitales, et la présence d'observateurs internationaux pour garantir une élection transparente. Un premier préalable que la majorité refuse du fait que la refonte ne pourra être faite dans les délais pour les élections prévues en décembre. Autres pommes de discorde, et non des moindres, le vote de la diaspora bolivienne estimée à 300 000 ressortissants établis un peu partout dans le monde, et le nombre de sièges dévolus aux minorités indigènes dont est issu le président. Devant le refus des membres du sénat de siéger pour débattre du fameux projet de loi de la discorde, le Président n'a pas trouvé d'autre moyen d'expression que de s'imposer un jeûne depuis jeudi, sur un lit dans une salle du palais présidentiel. Une piste que le président a déjà empruntée il y a cinq ans quand, alors député et leader syndical des planteurs de coca, il s'est imposé une grève de la faim durant 18 jours.