Les grandes puissances ayant proposé des négociations à l'Iran doivent accepter la République islamique comme puissance nucléaire civile, ont déclaré dimanche des responsables iraniens. «Désormais, le groupe 5+1 n'a aucune raison de refuser et nier la technologie nucléaire de l'Iran et par conséquent les futures négociations devront être basées sur les droits contenus dans le Traité de non-prolifération» (TNP), a dit le président du parlement iranien, Ali Larijani, cité par l'agence Isna. La semaine dernière, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU : Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie et Chine, plus l'Allemagne, ont invité l'Iran à des négociations directes sur son programme nucléaire controversé. Les puissances occidentales soupçonnent l'Iran de chercher à fabriquer l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil, ce que Téhéran a toujours démenti. Jeudi, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a inauguré la première usine de fabrication de combustible nucléaire et annoncé avoir testé deux nouveaux types de centrifugeuses plus puissantes pour l'enrichissement d'uranium. Ces annonces ont été accueillies avec scepticisme par Washington. M. Larijani a également rejeté un contrôle plus sévère du programme nucléaire iranien par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). «Des régimes de surveillance plus sévères évoqués par certains au sein du groupe 5+1 n'ont aucune base juridique et légale», a-t-il dit. Le vice-président de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Mohammad Saïdi, a également affirmé que «le monde devait accepter l'Iran avec un pouvoir nucléaire à des fins civiles», selon le site de la télévision d'Etat. «Certains pays ont accepté ce fait et le dialogue pour une suspension (du programme de l'enrichissement d'uranium) appartient au passé», a déclaré M. Saïdi. Pour sa part, le président de la Commission des affaires étrangères du parlement, Allaeddine Boroujerdi, a affirmé que l'Iran refusait l'idée d'une éventuelle suspension. «L'Iran n'acceptera pas un arrêt de l'enrichissement d'uranium mais nous acceptons un désarmement nucléaire», a-t-il affirmé en ajoutant que Téhéran était «à l'origine de l'idée d'un Proche-Orient sans armes atomiques». «Désormais au lieu de parler du groupe 5+1, il faut parler du groupe 7 (...) car avec nos progrès rapides dans le domaine de la technologie nucléaire, l'Iran est au même niveau que les pays de ce groupe et les propositions des deux parties doivent être examinées», a ajouté M. Boroujerdi. Il faisait référence aux propositions du groupe 5+1 remises à l'Iran en juin 2008 pour l'encourager à suspendre son programme nucléaire controversé et au «paquet» de propositions présentées en mai de la même année par l'Iran aux grandes puissances pour «résoudre les problèmes du monde». Après une rencontre entre l'Iran et le groupe 5+1 à Genève durant l'été 2008, les discussions n'ont pas été poursuivies. Dans une interview publiée dimanche par le quotidien iranien Etemad, le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a par ailleurs affirmé que son pays et l'Occident espéraient toujours une suspension de l'enrichissement d'uranium par l'Iran. «Cet espoir existe toujours que l'Iran accepte» de suspendre l'enrichissement d'uranium, a déclaré M. Kouchner.