Au moment où un groupe de personnalités du parti tente de raisonner les deux groupes antagonistes, dans l'espoir de sauver l'unité du MSP, 23 députés du parti annoncent leur dissidence. La saignée continue dans les rangs du Mouvement de la société pour la paix. Vingt-trois députés ont envoyé, récemment, une correspondance au président de l'Assemblée populaire nationale, Abdelaziz Ziari, pour faire état officiellement de dissidence du groupe parlementaire du parti. Du point de vue réglementaire, la démarche n'a aucune chance d'aboutir à la création d'un groupe parlementaire parallèle qui se mettrait sous la chapelle du Mouvement de la prédication et le changement, que veulent créer Abdelmadjid Menasra et ses partisans. Conformément aux textes qui régissent le fonctionnement de l'institution parlementaire, le bureau de l'APN s'en tient aux résultats des législatives validés par le Conseil constitutionnel et continuera à considérer les dissidents comme élus du MSP. Il n'en demeure pas moins qu'il convient d'attribuer un sens politique à un acte qui enfoncera davantage le parti dans la crise interne qui le ronge depuis le décès de Mahfoud Nahnah. Les premiers signes de la scission sont apparus, en effet, au congrès qui devrait désigner le successeur de Mahfoud Nahnah, en 2003. Déjà à l'époque, Abou Djerra Soltani n'a pu gagner la présidence du parti que grâce au bon sens de ses détracteurs, qui ne souhaitaient pas à l'époque détruire le mouvement, convenablement arrimé aux sphères du pouvoir. Un sursis qui aura duré le temps d'arriver au prochain congrès. À ce rendez-vous organique, l'ancien ministre de l'Industrie et ses compagnons ont bien aiguisé leurs armes pour mener une offensive efficace contre le président du parti, Abou Djerra Soltani, et compromettre par la même sa réélection. C'était compter sans le pouvoir de Soltani de bien négocier le virage qui lui ferait garder les rênes du parti. Le conflit a pris des proportions plus grandes quand plusieurs dizaines de cadres et parlementaires, positionnés aux côtés de Abdelmadjid Menasra, claquent la porte du MSP et décident de créer leur propre parti, auquel ils ont donné un nom évocateur : Mouvement de la prédication et le changement. Un groupe de personnalités du MSP, qui n'adhèrent ni au courant drivé par Abou Djerra Soltani ni à celui mené par A. Menasra, tentent de raisonner les deux groupes antagonistes, dans l'espoir de sauver l'unité du MSP. Un pari visiblement difficile à gagner, eu égard aux développements du conflit.