Les forêts, gardiennes du climat, risquent de ne plus pouvoir jouer leur rôle de «puits de carbone» et d'émettre à leur tour de grandes quantités de gaz carbonique dans l'atmosphère si la température moyenne augmente de 2,5 degrés, avertissent des scientifiques dans un rapport publié hier. Les forêts absorbent plus de carbone qu'elles n'en émettent, grâce à l'utilisation du CO2 par la végétation en croissance. Mais «d'ici à quelques dizaines d'années, avec les dégâts causés par le changement climatique, les forêts pourraient relâcher de grandes quantités de carbone, contribuant ainsi à accélérer le phénomène plutôt qu'à le freiner», estime Risto Seppala, professeur à l'institut finlandais de recherche sur les forêts, dans ce rapport. Le document, auquel ont contribué 35 experts de différents pays, sera présenté à un forum des Nations unies sur les forêts qui se tiendra à New York entre le 20 avril et le 1er mai. «Avec un réchauffement mondial de 2,5 degrés Celsius par rapport à la période préindustrielle, les écosystèmes des forêts devraient devenir une source d'émissions nettes et non plus un puits de carbone, augmentant de façon significative les émissions dues aux combustibles fossiles et à la déforestation», a expliqué Alexander Buck, directeur adjoint de l'Union internationale des organismes de recherche sur la forêt dont le siège est à Vienne, en Autriche. «On risque de perdre complètement les services actuels rendus par les forêts si le niveau actuel des émissions de CO2 ne diminue pas fortement», a-t-il ajouté. Selon le groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat, la température moyenne mondiale pourrait grimper de 1,1 à 6,4°C d'ici à 2100 par rapport à la fin du XXe siècle. Certes, le réchauffement pourrait contribuer à accélérer la croissance des forêts et à amplifier leur rôle dans l'absorption du CO2. «Mais ces effets positifs seront clairement dépassés par l'impact négatif sur les écosystèmes des forêts - changement d'espèces d'arbres, modification des taux de régénération, augmentation des feux de forêt et invasion d'insectes nuisibles», souligne Alexander Buck.