Le film qui retrace le parcours d'un révolutionnaire et politique et l'un des premiers moudjahid de la guerre de Libération nationale, Krim Belkacem, est enfin sorti. Projeté à la presse jeudi à la salle El Mougar d'Alger, l'œuvre du réalisateur algérien, Ahmed Rachedi, fait revivre la vie et le combat de l'une des figures emblématiques du mouvement national algérien et l'un des principaux négociateurs aux Accords d'Evian, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu'à l'indépendance de l'Algérie en 1962. D'une durée de 150 mn, cette fiction historique éponyme retrace le parcours de Krim Belkacem, incarné à l'écran par Sami Allam. Les événements du film remontent à la fin de la Seconde Guerre mondiale à laquelle il a participé avant de revenir dans son village natal de Oued Ksari où son père était caïd. Le cinéaste évoque également son départ à Draâ El Mizan et son engagement dans les rangs du Parti du peuple algérien (PPA-MTLD). Militant actif, Krim Belkacem est poursuivi en 1947 pour atteinte à la souveraineté de l'Etat et rejoint le maquis avant d'être condamné à mort pour une embuscade contre le caïd, son propre cousin. En 1954, il rompt avec les messalistes, rejoint le groupe des six chefs du FLN (Boudiaf, Ben Boulaïd, Didouche, Bitat, Ben M'hidi) et prend la tête de la région de Kabylie (Wilaya III), au déclenchement de la guerre de Libération le 1er novembre de la même année. Le film relate également le déroulement de l'opération «Oiseau bleu», une tentative de créer un contre-maquis clandestin composé d'Algériens de la région, armés et financés par l'armée coloniale déjouée par Krim Belkacem et Amar Ouamrane. Autour de Abane Ramdane, joué par Mustapha Laribi, la fiction relate l'organisation et la tenue du Congrès de la Soummam, événement majeur ayant permis la structuration de la Révolution par la création du Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA) et du Comité de coordination et d'exécution (CCE). Le film revient plus brièvement sur le rôle de Krim Belkacem dans la Zone autonome d'Alger avant de s'intéresser au «conflit» ayant opposé les trois B, à savoir Krim Belkacem, Lakhdar Bentobal et Abdelhafidh Boussouf, à Abane Ramdane avant sa mort en 1957. La fiction montre aussi le rôle de Krim Belkacem aux négociations d'Evian et dans le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), où il occupait la fonction de ministre de la Défense. Techniquement, le film souffre visiblement de lenteurs et d'approximations en matière de reconstitution des décors d'époque et d'effets spéciaux dans les scènes de bataille en plus d'une utilisation injustifiée d'images d'archives. Du point de vue du scénario, les spectateurs présents lui reprochent de ne pas avoir évoqué l'exil de l'homme après l'indépendance et d'avoir occulté son assassinat à Francfort en Allemagne. Le film s'arrête au 19 mars 1962, date de la proclamation du cessez-le-feu, alors que le héros du film a été assassiné huit ans plus tard en Allemagne. A ce propos, le réalisateur a rétorqué que cette période de la vie de Krim Belkacem doit faire l'objet d'une œuvre à part et que «la fin du film ne signifie pas la fin de l'homme». «La période de l'indépendance jusqu'à l'assassinat de Krim Belkacem est un autre film pour lequel je n'ai pas les éléments pour pouvoir continuer le film», a-t-il soutenu. Des scènes du film suggèrent également un conflit entre Krim Belkacem et Houari Boumediene ainsi que la responsabilité des «trois B» dans la disparition de Abane Ramdane. Interrogé sur ces points par les journalistes présents, le commandant Azeddine (un des adjoints de Boumediene, chef de l'état- major à partir 1960) a indiqué que les faits qu'il qualifie d'«erreur» n'incombaient pas seulement à ces trois personnalités, mais aussi à «d'autres figures (de la guerre de Libération) porteuses d'ambitions et de projets de société différents». Le réalisateur de Ben Boulaïd, l'Opium et le baton, Ali au pays des mirages… a fait savoir, par ailleurs, que le film sur le Colonel Lotfi, autre grande figure historique, serait projeté très prochainement. Cette fiction dont le tournage avait été entamé en septembre 2012, était inscrite au programme des célébrations du cinquantenaire de l'indépendance. Le film a été produit par le ministère des Moudjahidine sur un scénario coécrit par Ahmed Rachedi, Boukhalfa Amazit et le commandant Azeddine, avec le concours du Centre national d'études et de recherche sur le mouvement national et la Révolution du 1er Novembre 1954.