L'Algérie appelle à la raison les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et les producteurs hors organisation pour permettre "une évolution plus harmonieuse" de l'industrie pétrolière, a souligné jeudi à Davos (Suisse), le ministre de l'Industrie et des mines Abdesselam Bouchouareb lors du Forum économique mondial de Davos (WEF). "L'Algérie appelle à la raison l'ensemble des pays producteurs du pétrole, tout comme elle appelle les producteurs hors Opep à considérer toute la gravité de la situation et s'engager à contenir leurs productions pour permettre à l'industrie pétrolière une évolution plus harmonieuse", a-t-il plaidé lors des travaux de cette rencontre économique mondiale qui se tient du 21 au 24 janvier. L'ampleur de la croissance attendue de la demande et la raréfaction des ressources nécessitent, selon Bouchouareb, "de grands efforts d'investissements que compromettent aujourd'hui les niveaux atteints par les prix du pétrole", soulignant à ce propos que "le retour vers le pétrole Opep est inéluctable et pourrait s'accélérer dès lors que la demande des pays émergents reprendra". Les prix du pétrole ne peuvent être livrés au seul libre jeu des lois du marché, ni subir sans contrôle les logiques boursières spéculatives, a souligné M. Bouchouareb précisant que sur le long terme, les prix du pétrole engagent et déterminent les équilibres énergétiques futurs. A cet effet, il a relevé que le marché pétrolier est en attente d'instruments et dispositifs internationaux de régulation qui prennent en compte les logiques de long terme qui sous-tendent cette industrie. "Ainsi, pourrions-nous prémunir cette industrie, vitale à l'économie mondiale, des crises dommageables pour tous", a-t-il poursuivi. Evoquant les conséquences néfastes de la chute des cours pétroliers, le ministre de l'Industrie et des mines a noté que la conduite de certains pays influents de l'Opep menant à noyer le marché et pousser les prix à des niveaux très bas "ne semble pas en mesure de conduire les productions concurrentes à disparaître du marché de manière significative et dans des délais acceptables. Elle compromet d'autre part gravement les efforts de développement des pays producteurs". Cette conduite, a-t-il souligné, est vouée à l'échec avec des conséquences désastreuses tant pour les pays producteurs que pour l'économie mondiale. Evoquant le nouveau contexte économique mondial, Bouchouareb a relevé qu'il est caractérisé par un ralentissement de l'économie mondiale, soit un taux de croissance de 3% pour 2014 et 3,8% est attendu pour 2015. "Dans ce contexte, la guerre des prix menée par certains pays influents de l'Opep ne nous semble pas en mesure de rétablir un équilibre dans l'industrie pétrolière mondiale, tout comme elle apparaît porteuse de risques de déflagration grave pour l'économie mondiale", a-t-il averti.