Il y a une année, en avril 2008, le porte-parole du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Mohamed Djemaâ, reconnaissait l'existence d'une lutte acharnée pour la présidence du parti de feu Mahfoud Nahnah.Une lutte qui opposait deux concurrents, en l'occurrence Bouguerra Soltani, président du parti, ministre d'Etat sans portefeuille, et Abdelmadjid Menasra, vice-président du mouvement et ancien ministre de l'Industrie. A l'origine du conflit, les partisans de Menasra reprochaient à leur président d'avoir fragilisé les structures du parti et violé le principe de la choura. Menasra reprochait également à Soltani son refus de céder son poste au gouvernement à un autre cadre du parti, une revendication portée par de nombreux cadres de la haraka. A la veille du 4e congrès du MSP, qui s'est tenu en avril 2008 à la coupole Mohamed Boudiaf, à Alger, les luttes s'étaient exacerbées et les partisans des deux camps se sont échangés des accusations par presse interposée. Les sympathisants de Menasra étaient confiants quant à l'élection de leur leader à la tête du parti islamiste. Et pour cause, Menasra jouissait du soutien de la majorité des membres du conseil consultatif. Composé de 208 membres, de 44 membres de l'instance des fondateurs et des parlementaires, le conseil consultatif était favorable à la candidature de Abdelmadjid Menasra. D'ailleurs, l'instance nationale du MSP a adopté, lors de la dernière session précédant la tenue du congrès, des projets de résolution allant à l'encontre des propositions du président du mouvement. L'une des résolutions visait à écarter la candidature de Bouguerra puisqu'elle stipulait que s'il souhaitait se présenter pour un autre mandat à la tête du MSP, Soltani devrait au préalable démissionner de son poste de ministre. Outre le soutien des cadres à sa cause, Menasra jouissait également du soutien de la famille de Mahfoud Nahnah qui a organisé un dîner en l'honneur des fondateurs du parti à Blida. Alors que Menasra sensibilisait les cadres du parti, Soltani menait une campagne en direction de la base militante. Un travail qui a porté ses fruits puisque les militants à la fin de leurs assises nationales l'ont reconduit à la tête du MSP. Déçu par les résultats du congrès et «le coup de force» exercé par les partisans de Bouguerra, Abdelmadjid Menasra avait confié à ses partisans qu'il envisageait de créer son propre parti politique. L'idée ne se concrétisera réellement qu'un an plus tard avec l'annonce, il y a une semaine, de la création du Mouvement pour la prédication et le changement (MPC). Les instances du MSP n'ont pas tardé à réagir à cette annonce. Réuni jeudi à Alger, le conseil consultatif a prononcé des sanctions à l'encontre de 40 cadres signataires de la déclaration de la fondation du MPC.