Malgré la timide baisse du prix de la viande, cet aliment reste inaccessible pour la plupart des citoyens. En faisant un tour au marché de Chéraga, la mère de famille qui a prévu un bon couscous à la viande rouge pour ses enfants finit finalement par se rabattre sur du poulet. Et encore…Beaucoup d'autres font un tour furtif et ressortent immédiatement avec le couffin vide. C'est dire à quel point les aliments de base sont devenus un vrai luxe pour l'Algérien moyen. Un boucher du marché en question n'affiche pas les prix, mais il suffit de jeter un petit coup d'œil sur la marchandise pour qu'il vous les annonce entre 780 et 850 Da. Grande fut notre surprise quand ce marchand se mit à afficher d'autres prix - moins élevés bien sûr - au moment où nous envisageons de prendre des photos. Du coup, la pancarte affiche 700 Da/kg. Serions-nous des clients «privilégiés» ou est-ce la peur du gendarme ? En ce qui concerne le foie, inutile de demander le prix parce qu'il est introuvable à partir de 11h. Le boucher - un peu méfiant - nous révèle enfin que cet abats "rare", réservé à «sa» clientèle, coûte 1 600 Da. Sans commentaire. Ce même boucher se justifie en rejetant la faute sur les fournisseurs. «Ce n'est pas notre faute si les prix sont exorbitants. Notre marge de bénéfice n'a pas changé. Ce sont les vendeurs aux abattoirs qui nous vendent plus cher. Donc, nous vendons plus cher. Il n'y a ni miracle ni mystère», explique-t-il. Quant à la viande blanche, elle a la cote en ce moment, vu que le kilo coûte entre 185 Da (non évidé) et 210 Da (évidé). Mais tout est relatif. Une vieille dame demande le prix des volailles, sans oublier celui de la dinde qui varie entre 500 et 570 dinars, et finit par se rabattre sur un petit morceau de blanc de poulet à 270 Da. «Il faut bien manger un peu de viande. Fort heureusement, il y a le poulet à chaque fois qu'on a envie d'un «petit plus». Surtout, depuis la petite baisse que cet aliment a connue». Un marchand de poulet nous explique que cette diminution revient à la disponibilité de cette volaille. De même pour les œufs dont l'unité coûte 11 dinars au lieu de 12 auparavant. Peut-être que la fin des élections y est pour quelque chose», dit notre interlocuteur en ricanant. Inutile de dire que le poisson est hors de prix. D'ailleurs le rayon réservé à cet aliment est le moins fréquenté. Quand le rouget et la sole sont à 1 200 dinars, le passant ne prend même pas la peine de s'arrêter pour négocier. De toute façon, même après une réduction, le prix est inabordable. Reste une dernière solution pour les mordus de cet aliment : attendre que les prix baissent dans l'après-midi. Nombreuses sont les personnes qui compensent le manque de viande en achetant du congelé. De la viande de bœuf à 450 dinars, du merlan à 350 dinars ou de la grosse crevette à 450 dinars peuvent faire l'affaire pour préparer un bon plat riche en protéines.