L'hirondelle fait de plus en plus précocement le printemps. Et elle n'est pas la seule. Un nombre croissant d'oiseaux reviennent de leur migration plus tôt qu'il y a vingt ans et repartent plus tard, tandis que d'autres hivernent sur le littoral atlantique ou le bassin méditerranéen plutôt que de gagner des zones transsahariennes. Principale cause de ces bouleversements : le réchauffement climatique. Celui-ci pourrait avoir, pour ces voyageurs de haut vol, des répercussions autrement sportives. Selon des travaux publiés récemment, il leur faudra en effet remonter notablement plus au Nord pour passer leurs quartiers d'été sous des cieux favorables à leur reproduction. Leur trajet en sera allongé d'autant. Ce surplus d'effort pourrait être fatal à certains passereaux, lesquels déjà pour accomplir leur périple atteignent les limites de l'endurance. «Chaque année, environ 500 millions d'oiseaux migrent d'Afrique vers l'Europe et l'Asie. Les plus petits ne pèsent pas dix grammes, et n'en parcourent pas moins d'une traite des milliers de kilomètres. Pour tenir de telles distances, certains doublent leur poids avant le départ, d'autres rétrécissent leurs organes internes pour dépenser moins d'énergie. A ce niveau-là, tout ce qui rend le voyage plus long peut les mettre en péril», explique Stephen Willis, coordinateur de cette recherche au Centre pour la science des écosystèmes de l'université de Durham (Grande-Bretagne). Menée à l'aide de modèles informatiques, son étude s'est résolument tournée vers le futur. Le principe : confronter les grands scénarios climatologiques prévus pour la fin du siècle aux données bioécologiques disponibles sur les passereaux européens. Pas sur tous : la tâche aurait été interminable. Mais sur ceux appartenant au genre appelé «fauvettes». Pourquoi les fauvettes ? Peut-être parce que celle dite «à tête noire» est récemment devenue plus familière aux chercheurs de Durham, puisqu'elle a résolu la question du réchauffement climatique en passant désormais ses hivers en Angleterre. Mais surtout parce que les nombreuses espèces recensées en Europe, par la diversité de leurs habitudes alimentaires et géographiques, offrent un bon aperçu de ce qui attend la communauté des oiseaux migrateurs dans son ensemble.