Circuler à Oran, et tout particulièrement au centre-ville, est un exercice éprouvant pour les automobilistes. Le réseau routier n'y a pas changé d'un iota depuis des décades. Au contraire, à certains endroits, il a même considérablement rétrécit, tandis que le parc roulant s'est multiplié à une vitesse vertigineuse. La commune d'Oran, avec ses douze secteurs urbains, est la plus grande d'Algérie. Chacun des secteurs a la taille d'une commune. Au centre-ville, les artères, grandes ou petites, ont peu changé. Morphologiquement, elles sont restées les mêmes. Conçues pour un nombre déterminé de véhicules, les voies du centre-ville en accueillent aujourd'hui des centaines de milliers. Le parc automobile de la wilaya d'Oran compte environ 450.000 véhicules, tous types confondus, dont 5.000 bus et 8.000 taxis. A ce nombre, s'ajoutent les véhicules de différents tonnages en provenance des wilayas limitrophes et du reste du pays qu'Oran, de par son statut de pôle économique et touristique, accueille au quotidien. Cette situation crée au centre-ville, et en général au sein du groupement d'Oran (composé des communes d'Oran, Bir El Djir, Es-Sénia, El-Kerma et Sidi Chahmi), une situation des plus singulières. Bouchons interminables, voitures roulant pare-choc contre pare-choc: la circulation automobile à Oran donne lieu à des spectacles parfois ubuesques, causant, entre autres, une pollution de l'air et sonore qui n'a pas encore livré tous ses excès car, non encore mesurée. Les embouteillages rendent les automobilistes irascibles qui, excédés, s'en prennent les uns aux autres. Et l'on assiste à un concert de klaxons et d'injures les "plus colorées" les unes que les autres. Et même les chauffeurs de taxis évitent des courses vers le centre-ville ou certains quartiers réputés pour la circulation infernale qui y règne de crainte de se retrouver bloqués. "Nous perdons beaucoup de temps dans la circulation, notamment au centre ville. Beaucoup d'automobilistes oranais évitent d'y circuler, mais malgré cela la situation y est catastrophique. Et même les quartiers périphériques commencent à être gagnés par ce problème. Il faudra trouver une solution à ce problème, créer des espaces sans voitures ou limiter la circulation d'une façon ou d'une autre", déplore un automobiliste. Des bouchons interminables Cahin-caha, les véhicules réussissent à "se mouvoir" dans un réseau amputé de plusieurs artères en raison de la réalisation du tramway. Ces voies étaient, dans un passé récent, un réseau de communication important qui permettait de relier le centre ville aux quartiers périphériques et surtout de décongestionner la circulation. Ces artères traversées par le tramway n'étant plus "carrossables", ou en partie, les automobilistes se rabattent sur les autres rues, boulevards et avenues qui croulent actuellement sous le poids d'une circulation infernale, donnant naissance, là aussi, à des situations inextricables, comme c'est le cas dans le quartier de M'dina J'dida, le cœur commercial de la ville d'Oran. Mais la "palme" des embouteillages à Oran revient sans conteste aux ronds-points. Dans le "hit parade" des ronds-points connaissant le plus d'embouteillages, ceux dit d'El Bahia et "La pépinière", à la sortie Est d'Oran, en allant vers Arzew et Mostaganem, arrivent en tête du peloton. Ils reçoivent les flux de voitures légères et de poids lourds de toutes parts. "Lorsque la circulation est très dense, on passe parfois plus de 20 minutes dans un rond-point. Le nombre de véhicules et le comportement égoïste de certains automobilistes créent des bouchons monstres. Les policiers trouvent moult difficultés à démêler les écheveaux. Il est indispensable de réaliser de nouvelles trémies à certains ronds-points très sollicités pour régler ce problème", estime un automobiliste. Un autre considère que ce sont les poids lourds, interdits de circuler en ville durant la journée, qui participent grandement à créer des embouteillages. "Il y a un arrêté de wilaya qui n'est pas respecté. De plus, les bus de grands gabarits ajoutent eux aussi leur grain de sel dans une situation qui est déjà problématique", déplore cet automobiliste. Dans tout ce "fouillis", la seule satisfaction est le 3ème boulevard périphérique. Celui-ci, du rond-point de la cité Djamel à la sortie Ouest de la ville, ne connaît pas de bouchon et il fait plus ou moins bon circuler. Le mot fluidité y prend tout son sens. Un plan de circulation tant attendu Pour apporter des solutions à cette situation qui s'envenime de plus en plus, un nouveau plan de circulation a été élaboré par les pouvoirs publics. Selon ses initiateurs, ce plan permettra de régler, autant que faire se peut, plusieurs problèmes liés à la circulation automobile à Oran. "L'étude du plan de circulation du groupement d'Oran a été achevée. Des bureaux d'études locaux et étrangers se sont associés pour le concocter. En juillet 2014, les communes concernées ont reçu le nouveau plan de circulation de la part de la direction des transports, via les daïras. Il devra mieux gérer la circulation automobile, notamment celle des bus et des poids lourds", indique le président de la commission de grands projets et du transport de l'APW d'Oran, Bensafi Smaïn. Ce dernier ajoute que "les communes concernées par le plan de circulation devront, chacune à son niveau, délibérer sur l'approbation de ce plan et faire des propositions. Cela ne devrait tarder". La volonté des pouvoirs publics est de faire d'Oran une métropole méditerranéenne, sur tous les plans. D'énormes chantiers y ont été engagés, notamment en ce qui concerne les réseaux routiers et les ouvrages d'art. A terme, la situation devrait franchement s'améliorer. En attendant, automobilistes et citoyens devront s'armer de patience et apporter leur contribution pour réussir ce challenge et permettre à Oran de mieux respirer.