La Tunisie connaît une certaine polémique au sujet de ses djihadistes partis renforcer les rangs de l'Etat islamique (EI) qui sévit en Syrie et en Irak. Cette polémique est exacerbée notamment avec la récente annonce faite par le tout nouveau ministre tunisien de l'Intérieur, Najem Gharsali. Lors de sa visite au gouvernorat de Nabeul, pour contrôler les unités sécuritaires, le ministre a évoqué les Tunisiens revenant de Syrie : «Les mesures nécessaires ont été prises, à l'instar du suivi et comparution devant la justice lorsqu'il le faut». Il a ajouté qu'il ne peut pas révéler d'autres détails, vu le caractère sécuritaire de ce dossier, en assurant que «ces djihadistes ne sont pas un danger pour la société tunisienne». Sur les réseaux sociaux, de nombreux Tunisiens ont exprimé leur «crainte quant aux conséquences du retour en Tunisie de ces terroristes» exprimant leur «étonnement» par rapport aux propos du ministre de l'Intérieur. Des milliers de djihadistes tunisiens sont allés renforcer les effectifs de Daech en Syrie et en Irak et comptent, selon le centre américain d'études, Penapolis, parmi les plus nombreux djihadistes composant les effectifs de l'organisation terroriste dirigée par Abou Bakr El Baghdadi. Rafik Chelli, secrétaire d'Etat chargé du dossier sécuritaire auprès du ministre de l'Intérieur, a déclaré au journal Le Maghreb, dans son édition du vendredi que les djihadistes tunisiens de retour en Tunisie sont au nombre de 500. Il a ajouté que le ministère de l'Intérieur a interdit, jusqu'à aujourd'hui, le départ de 1000 Tunisiens au djihad en Syrie et en Irak dans les rangs de cette organisation terroriste. Le nombre de Tunisiens qui ont rejoint Daech est de 3000, d'après des informations publiées par des médias. Cette situation concerne directement les pays voisins de la Tunisie, dont l'Algérie, la Libye et le Mali. L'installation de l'EI en Libye renforce les craintes suscitées par le retour éventuel des djihadistes tunisiens. La crainte de les voir rallier Daech en Libye et, par là même, le déploiement de cette organisation terroriste sur l'ensemble des pays de la région n'est pas exagérée, surtout que la Tunisie ne dispose pas encore de loi contre le terrorisme, permettant, par exemple, de communiquer les noms de ces djihadistes aux pays de la région, dont l'Algérie. En clair, ces terroristes pourraient, éventuellement, se déplacer librement d'un pays vers un autre pour communiquer avec d'autres djihadistes et coordonner leurs actions. Le débat sur un projet de loi contre le terrorisme et le blanchiment d'argent a été reporté, en octobre 2014, par l'Assemblée nationale constituante, à la grande déception de l'opinion publique, des forces de sécurité et de l'armée qui ont payé, au cours des deux dernières années, un lourd tribut.