Face à la chute vertigineuse du prix de la poudre de lait sur les marchés internationaux, passant de 5000 dollars à près de 2000 dollars la tonne, les producteurs de lait cru sont dans l'expectative, inquiets de voir les transformateurs délaisser la production nationale au détriment de «l'importation moins coûteuse». L'Association des éleveurs de la région centre vont soumettre des propositions à l'Office national interprofessionnel du lait en vue de protéger la production locale, pour laquelle figure une nouvelle taxation à l'importation de la poudre de lait. En effet, le président de l'Association des éleveurs de la région centre, Abdellah Abed, joint à ce sujet, se dit préoccupé par la situation du marché du lait cru, aujourd'hui subventionné par les pouvoirs publics. «Certains transformateurs privés ont demandé la diminution de la part du lait cru, au vu de la chute des prix de la poudre du lait importé. Ils veulent également la révision des tarifs du litre du lait cru. Cela nous préoccupe davantage étant donné que cette année la production dépassera les 1,5 milliard de litres de lait cru produits annuellement. Nous sommes en attente d'une réaction officielle de l'Onil à défaut de s'adresser au ministère de l'Agriculture et du Développement rural», nous a avoué hier le président de l'Association des éleveurs du centre. Actuellement, le litre de lait cru est vendu entre 30 et 32 dinars, selon les matières grasses. S'agissant de la poudre de lait, son prix revient actuellement à 150 dinars le kilogramme. Le groupe Giplait, par la voix d'un membre du directoire, Mouloud Hamou, rassure que l'achat de lait cru sera maintenu, au vu de la qualité de ce produit et pour des considérations «d'encouragement de la production locale». «Nous nous inscrivons dans les objectifs des pouvoirs publics d'encouragement de la production de lait cru. Nous sommes transformateurs et collecteurs. Notre politique d'acquisition sera renforcée, même si les prix de la poudre de lait baisseront dans les marchés mondiaux», tient à souligner le responsable de Giplait avant d'ajouter que «la baisse des prix de la poudre est conjoncturelle du fait de la crise mondiale, tandis que la production nationale demeure stable dans sa politique des tarifs». Autrement dit, il y a lieu de sauvegarder les intérêts des éleveurs à défaut de tout perdre. Par ailleurs, le DG de la Caisse nationale de la mutualité agricole (CNMA), Mohamed Arba, qui gère la subvention de l'Etat en faveur des éleveurs et producteurs du lait cru, a tenu à nous déclarer hier que la caisse a déposé au niveau de la Badr Bank la somme de 32 milliards de centimes, et ce, pour effectuer le virement de ladite subvention au plus tard mardi. Ce soutien de l'Etat concerne, selon lui, 6000 éleveurs investis dans les fermes laitières dans le pays. «Les producteurs de lait cru recevront les subventions promises par les pouvoirs publics mardi», selon Kamel Arba. Ces subventions, prévues dans la loi de finances, n'ont été débloquées qu'à la fin mars 2009, causant un retard dans le payement des producteurs laitiers.