Un attentat tragique pareil à celui du 7 janvier 2015 à Paris hante en permanence les autorités espagnoles qui ont renforcé les contrôles au niveau des ports et aéroports et même dans les alentours des cibles potentielles du terrorisme. Le gouvernement Rajoy craint depuis 2012 le retour de ceux qui ont combattu en Syrie dans les rangs de Daech. D´autant que le 11 mars, la date la plus sombre dans l´histoire récente de l´Espagne est toute proche. C´est le 11ème anniversaire des attentats de la gare centrale d´Atocha qui avaient fait près de 200 morts et plus d´un millier de blessés. La police espagnole estime donc ne pas avoir fait dans la «paranoïa» en multipliant les contrôles et les contacts avec les services de sécurité des autres pays en Europe et dans la région méditerranéenne. Aujourd´hui des craintes s´installent dans les esprits encore sous le choc de la tragédie de Paris et de Copenhague. Le moindre indice sécuritaire l'augmente Des «écoles du djihadisme» Jeudi, l´un des «djihadistes» les plus recherché en France et en Espagne a pu être identifié et arrêté à Istanbul, vraisemblablement au moment où il s´apprêtait à prendre l´avion pour Madrid. Il s´agit de Mohamed Amine Aissaoui, un Français de parents algériens qui a séjourné en Espagne. Il était activement recherché par Interpol depuis qu´un magistrat de la Haute Cour d´Espagne avait lancé un mandat d´arrêt international contre lui pour «délit de terrorisme» voilà moins d´un mois. Amel Boumediene, la compagne «franco-algérienne» de Koulibaly, l´un des auteurs des attentats de Paris, avait rejoint Istanbul depuis l´aéroport Barajas (T4) de Madrid avant de passer la frontière turque comme «une lettre à la poste». Le mois dernier, une cellule de présumés candidats au djihad en Syrie et en Irak avait été démantelée à Ceuta. Les enquêteurs ont appris que ces jeunes recrues recevaient leurs instructions directement de la prison où sont incarcérés les «cerveaux» du «djihad», spécialisés dans l´endoctrinement et la captation des «personnes fragiles et de jeunes femmes surtout», pour aller combattre dans les rangs de Daech. Les exemples se multiplient jour après jour, faisant ressortir une même conclusion : «les prisons sont devenues de véritables écoles du djihadisme». La preuve est venue d´abord de France où les petits délinquants, frères Kouachi et Koulibaly ont été «captés» dans les prisons. Puis de Ceuta, et enfin de Copenhague où c´est un jeune musulman, «étudiant sérieux», devenu délinquant puis auteur dès sa sortie de prison du double attentat contre le colloque qui s´y tenait samedi dernier sur La liberté de la Presse et la synagogue juive de la capitale danoise. 80 prisonniers islamistes placés sous haute surveillance Le ministre de l´Intérieur, Jorge Fernandez Díaz, a acquis la conviction que les attentats et leurs auteurs sont préparés dans les prisons. C´est donc par là que doit commencer le travail de surveillance des candidats au «djihad» En fin de semaine, il a ordonné à l´administration pénitentiaire de placer sous haute surveillance plus d´une cinquantaine de présumés islamistes. Ce sont en majorité des Marocains, mais aussi des Algériens, des Syriens ou des Egyptiens et des Libyens, qui purgent des peines de plus ou moins longue durée. Pour certains d´entre eux, ce sont d´anciens délinquants «remis sur le droit chemin» durant leur séjour carcéral. Aucun contact n´est autorisé avec les autres prisonniers musulmans de droit commun qui sont considérés comme un terrain fertile pour être endoctrinés puis captés pour le «djihad» à leur sortie de prison. La police a déjà par le passé perdu la trace d´un certain nombre d´entre eux, subitement fondus dans la nature. Pour certains experts, pas de doute, ils sont en Syrie ou en Irak. Des dizaines y ont laissé leur vie. Les «leaders spirituels» dans les prisons, ceux qui se sont autoproclamés imams pour conduire les prières et faire les prêches ont, également, perdu ce privilège, pour être considérés comme aussi dangereux que les activistes radicaux. Ils sont au total une quinzaine que l´administration soupçonne de se livrer à la diffusion d´idées radicales et hostiles aux valeurs de la société occidentale. Toujours selon ces experts en sécurité, les centaines de prisonniers musulmans en Espagne constituent un vivier potentiel pour le «djihadisme»