Bien que le sujet ait été traité à diverses occasions, les intoxications au monoxyde de carbone continuent à faire des victimes et les chiffres sont de plus en plus croissants malgré le travail colossal entrepris tant par les spécialistes que par le mouvement associatif pour la sensibilisation des utilisateurs. La Fédération algérienne des consommateurs (FAC) est revenue sur la question lors du séminaire qu'elle a organisé hier à l'Ecole supérieure des technologies des sports (ex-ISTS) de Dély Ibrahim abordant essentiellement les solutions préventives à l'intoxication au monoxyde de carbone. La rencontre, rehaussée par la participation des ministères du Commerce, de l'Industrie et de l'Energie, a permis aux représentants de ces départements ministériels d'axer leurs interventions sur le volet prévention qui reste l'élément capital dans la lutte contre «le tueur silencieux ou discret», comme le nomment certains. Le Dr Zaki Hariz, président de la FAC, a rappelé que dans la majorité des intoxications au monoxyde de carbone, la cause reste directement liée au facteur humain qui ne respecte pas les règles élémentaires de sécurité domestique. A ce propos, il espère que le règlement technique à soumettre au ministère du Commerce trouve l'attention voulue. Pour le vice-président, Hassane Menouar, «on ne le répétera jamais assez, il est temps de prendre ce problème très sérieusement, car avec les parties intervenantes telles que la Protection civile, le ministère du Commerce, la Sonelgaz et autres, nous apprenons tous les jours avec une grande peine la mort de citoyens dans des conditions dramatiques dues à l'inhalation de monoxyde de carbone. Aussi nous proposons des solutions à même de réduire le nombre élevé des victimes enregistrées à ce chapitre chaque année». Comme solution majeure le représentant de la FAC parle du détecteur, sachant que le tueur, en l'occurrence le monoxyde de carbone, est un gaz imperceptible, incolore, inodore, sans saveur et non irritant, indécelable par les sens. Il prend tout simplement la vie d'une personne en prenant la place de l'oxygène dans son sang. L'appareil, petit objet par la taille, a pour mission de sauver des vies humaines qui n'ont pas de prix. Cependant, les habitudes sont ce qu'elles sont et la culture d'installer un détecteur de monoxyde de carbone n'est toujours pas ancrée chez beaucoup de citoyens alors que leurs vies pourraient en dépendre. Ainsi il est nécessaire, souligne Hassane Menouar, que cette culture soit inculquée. «C'est tout de même incroyable, dira-t-il, qu'on ne lésine pas pour installer une alarme à sa voiture et qu'on néglige d'installer chez soi un détecteur de monoxyde de carbone, de surcroît à un prix quatre fois inférieur». Le comportement des utilisateurs Le représentant du Creg (Centre de régulation de l'électricité et du gaz) est revenu sur les accidents domestiques dont les causes sont les comportements imprudents des utilisateurs. A titre indicatif, entre 2010 et 2014, la moyenne annuelle est de 80 accidents dans lesquels il a été enregistré 30 à 40 décès et près de 200 blessés. Pour la majorité des accidents en question, il s'agit de manque d'entretien des appareils domestiques. Le représentant du Creg recommande la prévention à travers la sensibilisation des utilisateurs en les informant sur les conduites à tenir en cas d'accident domestique. Hachemi Djaaboub, ancien ministre du Commerce, a pour sa part montré du doigt ces importateurs sans scrupules et leurs complices criminels dans l'administration en fermant l'œil sur l'importation d'appareils notamment de chauffage non conformes aux normes mondialement autorisées. «C'est alors, fera observer l'ancien ministre, que l'appareil censé servir le confort du consommateur devient une source de malheur». Il espère enfin voir la promulgation d'une loi obligeant les citoyens à se doter d'un détecteur de monoxyde de carbone. Lui emboîtant le pas, le représentant du ministère de l'Industrie a déclaré que le secteur dont il est issu contribue actuellement à l'élaboration d'un texte dans ce sens. Le bilan de la représentante du ministère du Commerce est plutôt triste avec l'annonce de 230 morts par asphyxie en 2014. Les causes sont en premier lieu la non-conformité des appareils de chauffage, ensuite viendront la mauvaise évacuation et le mauvais entretien. Sur un échantillon de 158 appareils contrôlés, 72% ne sont pas conformes. Si effectuer des contrôles est une bonne chose, il reste qu'il est plus efficace de durcir la réglementation vis-à-vis de ces importateurs de produits contrefaits mais vantés pour être d'origine. Les accidents enregistrés ayant entraîné des pertes considérables en vies humaines ne doivent plus être une fatalité. Sévir et toujours sévir face aux semeurs de mort.