L'ex-star du football algérien est, depuis lundi, un citoyen libre d'aller où il veut à travers le monde. Interpol lui a, en effet, remis ce jour-là le document attestant que les poursuites judiciaires dont il faisait l'objet étaient annulées. C'est une affaire qui durait depuis près d'une vingtaine d'années qui venait de s'achever au grand soulagement d'un Belloumi qui vit, certainement, des moments de pur bonheur. Il a bien voulu nous en parler ainsi que de ses projets. Vous venez de retirer le document faisant état de l'annulation des poursuites judiciaires lancées contre vous par Interpol depuis presque 20 ans maintenant. Comment vous sentez-vous ? Comme quelqu'un qui vient d'être libéré d'un énorme poids qui pesait sur lui. Vous devez, certainement, imaginer la situation dans laquelle je me trouvais. Ce n'est pas tellement le fait que j'étais dans l'impossibilité de me rendre à l'étranger qui me tourmentait mais bien cette suspicion selon laquelle je ne pouvais qu'être le coupable dans cette malheureuse affaire. Quand on m'a remis le document d'Interpol je me suis senti débarrassé de ces soupçons que je traînais comme un boulet. Cela a dû être un gros soulagement pour votre famille... Je ne vous le fais pas dire. Surtout mes enfants qui ne sont jamais sortis à l'étranger. Ce n'est pas que ce sont les occasions qui leur ont manqué mais pour eux, il était inconcevable de partir en vacances sans leur père. J'espère pouvoir les satisfaire sur ce plan là car ils ont terriblement souffert de cette situation. Aujourd'hui que vous pouvez vous rendre à l'étranger, quel sera votre premier voyage ? La Mecque. J'en rêve depuis des années et je me suis promis que si cette affaire serait réglée, mon premier voyage à l'étranger consistera à accomplir mon pèlerinage aux Lieux Saints de l'Islam. D'autres voyages en perspective ? Je vous ai dit que je ne faisais pas des sorties à l'étranger une priorité dans cette affaire. Cependant, cela fait 20 ans que je reçois, de partout dans le monde, des invitations et je n'ai malheureusement jamais pu satisfaire ne serait-ce qu'une d'entre elles. Grâce à Dieu, aujourd'hui je vais pouvoir me déplacer et répondre à toutes les sollicitations qu'on me fera. J'ai conscience que mon nom reste connu dans le milieu du football. Je suis et je reste un enfant du football algérien, issu d'un peuple qui aime le sport et qui n'a pas cessé de me soutenir dans mon épreuve. J'espère être à la hauteur de ses attentes et d'être un ambassadeur digne de lui. D'autant que toute votre carrière sportive vous l'avez accomplie en Algérie... Si l'on veut. Je n'avais pas manqué d'offres lorsque j'étais au summum de ma carrière. Je suis, pourtant, resté là parmi les miens. Il est indéniable que de nombreuses personnes sont intervenues pour qu'une solution favorable soit trouvée à votre problème. Quel message désirez-vous leur transmettre ? Un message de gratitude et de reconnaissance. Qu'elles sachent qu'elles ne se sont pas trompées en me soutenant et que je saurais mériter de la confiance qu'elles ont placée en moi. Je tiens à remercier, particulièrement, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui s'est personnellement impliqué dans cette affaire. Mes remerciements vont également à toutes les personnalités qui n'ont pas manqué de me soutenir et à user de leur influence pour que le problème soit réglé, comme le chef du gouvernement, le président du Comité olympique algérien, Mustapha Berraf, que le président de la République a délégué pour qu'une solution soit trouvée assez rapidement. Il y a aussi les ministres des Affaires étrangères, de l'Intérieur et de la Justice, le DGSN, Ali Tounsi ainsi que le président de la FAF, Mohamed Raouraoua. Et puis, il y a la presse aussi bien écrite que parlée ou télévisée. Elle a été d'un apport appréciable dans le dénouement de cette affaire et elle n'a pas cessé de me soutenir moralement. Que pouvez-vous dire également aux Egyptiens, notamment les personnes qui sont directement intervenues dans le traitement de votre dossier ? Vous faites bien de me poser cette question relative aux Egyptiens. Il s'agit d'un peuple arabe, frère du nôtre. Je sais que chez eux nombreux ont été ceux qui étaient certains de mon innocence et m'ont apporté leur soutien. Parmi eux, il y a les journalistes de leur chaîne satellitaire grâce à laquelle j'ai pu converser en direct avec le médecin victime du malheureux incident de 1989. Ce jour-là, mon innocence ne faisait pas de doute car j'ai pu m'expliquer en toute bonne foi. Quelque part, ce fut une sorte de nouvelle délivrance morale de ma part. Interview réalisée par Ahmed Achour