Des dizaines de femmes ont défilé, samedi à Oran, en Haïk, dans le but de réhabiliter cette tenue vestimentaire traditionnelle en voie de disparition. Habillées d'un Haïk blanc immaculé, de vielles dames, des femmes mariées et des jeunes filles, seules et accompagnées d'enfants ont répondu à l'appel de l'initiatrice de cette action lancée sur les réseaux sociaux, Melle Tefia Sarah. A ce titre, Melle Tefia a souligné que les femmes qui ont répondu favorablement à cette initiative ont tenu à rendre hommage au Haïk algérien qui tend à disparaître cédant la place à d'autres voiles et tenues importées d'ailleurs. "C'est un vrai moment de plaisir que de revêtir cet habit traditionnel que nos grandes mères et arrières grandes mères portaient avec fierté. Je voulais partager avec toutes les femmes oranaises cette hommage sur fond de nostalgie pour les unes", a-t-elle déclaré. "Ma seule raison d'organiser cette manifestation est motivée par un souci de préserver le patrimoine culturel qui se perd et qui s'efface et de le faire connaître aux générations futures", a-t-elle encore souligné. Ikram, âgée d'une vingtaine d'années, drapée d'un haïk et d'un aadjar (voile triangulaire du visage), a indiqué que son seul mobile pour participer à cette action était de ressentir la même sensation que celle de sa mère et sa grande mère, "une sensation d'être une femme protégée", dit-elle. "Cette tenue représente un symbole d'élégance et de pudeur", a-t-elle ajouté. Pour El Hadja Fatma, les traditions vestimentaires et même culinaires oranaises et nationales se sont mélangées à d'autres, citant dans ce sens la djellaba marocaine et le hidjab oriental qui ont investi le paysage oranais. "Notre Haïk a pratiquement disparu de nos rues. Il n'y a que peu de vielles femmes qui le portent encore. Nous voulons par notre participation à cette événement rendre un hommage à cet habit traditionnel et à notre riche patrimoine", a-t-elle déclaré. Des hommes, qui assistaient à ce déferlement de femmes tout en blanc, ont applaudi. "Moi je préfère revoir le haïk dans nos rues plutôt que des habits occidentaux n'ayant aucune relation avec notre société et notre culture", a souligné un vieil homme ovationnant les participantes lors de cette sortie citoyenne. "Cette activité, symbolique à plus d'un titre, est venue rappeler aux gens le riche patrimoine national "délaissé au profit d'autres voiles importées et ne répondant pas à nos us et coutumes", a déclaré un autre. Le parcours de cette manifestation, organisée la veille de la célébration de la journée internationale de la femme, a débuté de la place 1er novembre (ex place d'armes), passant du côté de la mosquée du Pacha à hai Sidi El Houari et au parc de loisirs "Ibn badis" (ex promenade Létang), où une séance de shooting photos a été organisée, puis le siège de l'association "Santé Sidi El Houari pour une "Gaâda oranaise". Un groupe de bénévole de l'association "Bel horizon" accompagnaient le défilé, accueilli par l'acclamation des uns et le regard amusé d'autres. Tout au long du circuit l'historique du vieil Oran est passé en revue par les organisateurs.