Nabil Fekir est un jeune footballeur de 21 ans dont les parents sont d'origine algérienne. Tout n'a pas été simple dans le parcours de ce joueur. Il aurait même pu tomber dans l'oubli, à l'instar de beaucoup d'autres qui ont tenté de faire carrière dans le football parce que leur entourage a cru que les prédispositions et le talent intrinsèque pouvaient suffire à la réussite dans le domaine. Et qui ont fini par être désillusionnés. Tout n'a pas été simple pour lui mais il a quand même fini par faire du chemin. Ce n'est pas encore un grand joueur mais c'est tout de même un bon joueur qui peut progresser vers le plus haut niveau. D'un petit bled du nom de Caluire où il a tapé dans la balle comme tous les enfants à un club aussi petit du nom de FC Vaulx, avant d'être remarqué par les recruteurs, il a atterri au centre de formation de l'Olympique Lyonnais qui l'a renvoyé d'où il est venu au bout de deux ans d'apprentissage, n'ayant pas «donné satisfaction». De Vaulx à Saint-Priest, c'est-à dire de galère en galère, il a été de nouveau remarqué par l'OL à l'occasion d'un match de Coupe de France. Rappelé, il a saisi sa chance pour devenir aujourd'hui un joueur qui peut aller loin, très loin. Au point de susciter l'intérêt des grands clubs européens, de la sélection algérienne qui le courtise depuis un moment et de la sélection française qui vient de lui mettre le grappin dessus après des mois de faux suspense sur son choix. L'intérêt de la sélection algérienne. Nous voilà donc dans le vif - et l'essentiel - du sujet. Depuis des semaines, l'Algérie du foot est suspendue à la déclaration de Nabil Fekir qui devait choisir définitivement entre la France et l'Algérie. Il ne l'a pas encore déclaré mais l'information est tombée. L'option de Nabil Fekir, au demeurant prévisible, vient nous rappeler quelques vérités qu'on a bien voulu nous cacher. Le semblant de suspense n'était qu'une forme de pression sur le sélectionneur de l'Equipe de France. Pour le choix, il n'y avait pas photo, comme on dit dans le langage branché. La raison est basique. Une autre vérité qu'on est les seuls à vouloir cacher : en l'occurrence, il s'agit de choisir ce qui est le mieux pour une carrière, en termes sportifs et financiers. Selon les moyens et la posture de chacun. Aucun grand joueur français d'origine algérienne n'a choisi l'Algérie, et ça se comprend. Le destin de Zizou était tout tracé, Nasri et Benzema n'ont jamais pensé à la sélection de leur pays d'origine et Benarbia est venu en désespoir de cause, à trente ans. Et le patriotisme n'y est pour rien. Qu'on la partage ou non, «elle» est là, de fait, jusqu'à ce que les lois changent, si elles changent un jour. Cela s'appelle la nationalité sportive, on s'y résigne partout, sauf chez nous. Ceux qui ont choisi la France n'ont pas vendu leur âme au diable, et ceux qui ont choisi l'Algérie ne sont pas forcément prêts à mourir pour ce pays. Ces derniers ont fait le choix - réaliste - de leur niveau. Doit-on rappeler que parmi eux, il n'y a aucun joueur qui évolue dans un grand club d'Europe, et que certains n'arrivent même pas à s'imposer dans des équipes de seconde zone ? Il faut aussi - et surtout - rappeler que le foot algérien n'a pas exporté un seul joueur dans un grand club depuis des lustres, pour être sûr qu'il va débarquer en sélection sans qu'on se tienne le ventre. Mais ceci est déjà une autre histoire.