Le Conseil de sécurité de l'ONU a tenu hier une réunion d'urgence sur le Yémen, où la situation ne cesse de se dégrader avec la recrudescence des violences, notamment dans la capitale Sanaa, contrôlée par les rebelles houthis qui avancent vers le sud du pays. Cette réunion se tient à la demande du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, qui se trouve actuellement à Aden, la grande ville du sud depuis sa fuite en février de Sanaa. Dans une lettre adressée vendredi à la présidence française du Conseil, le président Hadi a dénoncé «les actes criminels des miliciens houthis et de leurs alliés, qui menacent non seulement la paix au Yémen mais la paix et la sécurité régionale et internationale». M. Hadi a demandé au Conseil «son intervention urgente de toutes les manières possibles pour mettre fin à cette agression». Il a suggéré que le Conseil impose des sanctions contre les fauteurs de troubles et prenne une résolution contraignante «pour dissuader les Houthis et leurs alliés et stopper leur agression (..), notamment contre la ville d'Aden». La réunion du Conseil interviendra deux jours après les premiers attentats revendiqués au Yémen par l'organisation autoproclamée «Etat islamique» (EI/Daech) et qui ont coûté la vie à 142 personnes dans deux mosquées de la capitale. La réunion permettra aux ambassadeurs des 15 pays d'entendre un compte-rendu de la situation, fait probablement par vidéo-conférence par l'émissaire de l'ONU Jamel Benomar qui tente depuis plusieurs mois une médiation dans le conflit yéménite. Des représentants du Yémen et du Qatar, qui préside actuellement le Conseil de coopération du Golfe, prendront aussi la parole avant que le Conseil ne tienne des consultations à huis clos. Selon des diplomates, il est possible, mais pas certain, que ce dernier adopte à cette occasion une déclaration mais pas une résolution, trop longue à négocier en quelques heures. Avancée des Houthis vers l'ouest et le sud Le Conseil avait publié vendredi une déclaration dénonçant les raids aériens menés contre le palais présidentiel à Aden et l'aéroport international de la ville et soulignant que «le président Abd Rabbo Mansour Hadi représente l'autorité légitime». Après ces raids, le président Hadi a été évacué vers un lieu sûr, selon une source au sein de la présidence. Aden est en proie à des troubles, des combats entre partisans et adversaires du président yéménite au sein des forces de sécurité ont fait des morts et des blessés ces derniers jours. Après la prise de la capitale, les rebelles tentent d'étendre leur influence vers le sud et l'ouest du pays. Plus tôt dans la journée, les Houthis et des militaires fidèles à l'ex-président yéménite Ali Abdallah Saleh se sont emparés de l'aéroport de Taëz, près d'Aden. Quelque 300 Houthis, en tenue militaire, et soldats se sont déployés dans l'enceinte de l'aéroport de Taëz et des renforts étaient en route en provenance de Sanaa, à 250 kms au nord, d'après une source aéroportuaire. Face à la progression des Houthis vers Aden, les forces loyales au président Hadi, soutenues par des tribus et des membres des «comités populaires» (supplétifs de l'armée), s'employaient dimanche à renforcer les défenses autour de la capitale du Sud, selon des sources sécuritaire et militaire. Ces forces établissaient notamment une ceinture de sécurité à la périphérie d'Aden où des soldats, «soutenus par une quarantaine de chars de combat, ont été déployés dans le nord et l'ouest de la ville», selon une source militaire. La détérioration de la situation sécuritaire au Yémen a poussé les Etats-Unis à évacuer tout leur personnel encore présent dans le pays. Washington a toutefois assuré vouloir continuer à «soutenir fermement la transition politique» dans le pays. Le président Hadi appelle à la reprise du dialogue Le dialogue de sortie de crise parrainé par les Nations unies se trouve actuellement dans l'impasse et les observateurs évoquent «un sérieux risque de guerre civile». Le président yéménite a appelé la veille l'ensemble des factions politiques à reprendre le dialogue. Il a invité tous les partis politiques à adhérer à l'Initiative du Golfe et aux résultats de la conférence sur le dialogue national, sur lesquels ces partis étaient parvenus à un accord. La conférence du dialogue national avait jeté les bases d'une nouvelle Constitution et retenu le principe de transformer le Yémen en un Etat fédéral avec six régions, un projet sur lequel les Houthis étaient réservés.