Le tribunal correctionnel de Ziadia a rendu hier son verdict dans l'affaire de trafic de 20 millions de comprimés de psychotropes impliquant plusieurs grossistes et pharmaciens au niveau de Constantine et de Aïn M'lila. De lourdes peines ont été prononcées à l'encontre de trois vendeurs en gros dont deux sont toujours en état de fuite et qui ont écopé chacun de 20 ans de prison ferme, alors que le troisième impliqué, qui a comparu, a écopé de 10 ans. L'affaire remonte à 2006 lorsque la brigade de la Gendarmerie nationale a diligenté une enquête au niveau de plusieurs commerces de gros impliqués dans la vente illicite de psychotropes, notamment le Rivotril, par le biais de factures falsifiées. L'enquête a permis de remonter un réseau qui s'étend jusqu'à l'ouest du pays. 13 accusés ont été arrêtés dont 10 ont été acquittés hier par le tribunal de Ziadia. Il est à préciser que dans ce genre de trafic, les pharmaciens d'officines sont souvent mis à l'index, alors qu'ils ne constituent en réalité que le dernier maillon d'une grande chaîne qui inclut les grossistes. Le problème de facturation a rendu la tâche des enquêteurs difficile. Sur un autre registre, la brigade de recherche du groupement de la Gendarmerie nationale de Constantine a levé le voile sur l'existence d'un réseau de trafiquants à Constantine spécialisé dans la commercialisation des psychotropes. Plusieurs sociétés de distribution de médicaments implantées à Constantine sont parvenues à écouler en l'espace d'une année 20 millions de comprimés de Rivotril. Le préjudice causé à l'administration fiscale est évalué à 1,3 milliard de centimes. Des pharmaciens expliquent l'ampleur du phénomène par l'existence de plus de 200 grossistes à travers le pays, dont 79 installés uniquement à Constantine et qui exercent en toute impunité. Y a-t-il une faille dans la législation ? En effet, la loi en vigueur, notamment la 04-18 promulguée le 25 décembre 2004, relative à la prévention et à la répression de l'usage et du trafic de stupéfiants et de substances psychotropes, est considérée comme dépassée par les spécialistes et il serait temps de mettre en exergue l'article 16 de cette loi qui condamne de 5 à 15 ans de prison et à une amende de 500 000 à 1 000 000 DA tout pharmacien qui délivre des psychotropes sur présentation d'une fausse ordonnance. Le dispositif législatif introduit récemment en Algérie permet au juge des mineurs ou au juge d'instruction de placer les consommateurs n'ayant pas atteint l'âge adulte dans des centres de désintoxication.