La Mission Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) n'avait pas le droit de se rendre aux manifestations qui se déroulaient dans les zones occupées par le Maroc et encore moins rencontrer les prisonniers sahraouis, a révélé jeudi à Strasbourg le général Kurt Moskard, ancien commandant en chef de la Minurso. Le général Moskard qui était l'invité de l'Intergroupe sur le Sahara occidental au Parlement Européen, pour se prononcer notamment sur la question des droits de l'homme dans les zones occupées par le Maroc, a indiqué que la Minurso n'était également pas autorisée à rencontrer les populations locales. Il a indiqué que "les droits de l'homme doivent être respectés au Sahara Occidental qui est toujours une colonie", estimant que la supervision de cette question, notamment dans les campements des réfugiés, doit relever du mandat de la Minurso. Dans le même cadre, l'ancien commandant en chef de la Minurso (2005-2007) n'a pas manqué de parler sur les richesses naturelles du Sahara Occidental exploitées illégalement par le Maroc, soulignant l'importance de s'en tenir à l'avis juridique de l'ancien sous-secrétaire aux Affaires étrangères et conseiller juridique des Nations unies, le suédois Hans Corell, de 2002, qui stipule que "l'exploitation de ces mêmes ressources est illégale selon le droit international". Le général a également en évidence le positif et le bénéfique que constitue l'avènement d'une solution "juste" et "pacifique" du conflit du Sahara Occidental pour l'Europe, critiquant au passage l'Union Européenne pour ne pas s'impliquer davantage dans la recherche d'une telle solution. Il a rappelé à cet effet, que la mission assigné à la Minurso est l'organisation du référendum. "Le Front Polisario a accepté le plan Baker III alors que le Maroc l'a rejeté", a-t-il insisté. Rappelant brièvement l'historique du colonialisme marocain contre le Sahara Occidental, en dressant le bilan de la situation difficile du peuple sahraoui, le général a démenti que l'aide humanitaire ait été détournée par les sahraouis, pour avoir effectué lui-même des tournées d'inspection sur le terrain, pendant qu'il était commandant en chef de la Minurso. Dressant un bilan négatif sur la situation qui prévaut au Sahara occidental, le général a rappelé notamment le danger que représentent les mines (estimées à 6,5 millions unités) tout le long et autour, du mur de plus de 2300km, bâti par les forces marocaines et divisant en deux le territoire du Sahara Occidental. L'exposé de M. Moskard a été suivi par des questions et des commentaires, notamment par celle de l'eurodéputé Ivo Vagl qui a réitéré la responsabilité des membres du Conseil de sécurité vis-à-vis de la décolonisation du Sahara Occidental, qui selon lui, doivent cesser toute complaisance à l'endroit du Maroc et sa politique d'occupation et de répression au Sahara Occidental. Il a demandé à la France de ne pas continuer son rôle négatif au Sahara Occidental. Les Eurodéputées Jytti Guteland et Bodil Ceballos ont pour ce qui les concerne, dénoncé l'instrumentalisation politique de l'aide humanitaire octroyé aux réfugiés sahraouis et les violations par le Maroc des droits du peuple sahraoui pour l'autodétermination et la liberté.