L'Armée de libération nationale (ALN) "n'a pas commis d'injustice dans l'affaire de la Bleuite qui visait à infiltrer ses rangs par des agents doubles" acquis à l'armée coloniale française, a affirmé, lundi à Tizi Ouzou, le moudjahid Laïchour Slimane dit Rachid, ancien agent de liaison du colonel Amirouche Ait Hamouda. Intervenant à l'occasion de la semaine de la mémoire, organisée par le musée régional du Moudjahid, du 29 mars au 2 avril prochain, à l'occasion de la commémoration du 56ème anniversaire de la disparition de ce chef de la Wilaya III historique, M. Laichour a souligné, en se référant au témoignage de Hamou Amirouche, secrétaire particulier du colonel Amirouche, que "dans cette ruse de guerre de l'armée coloniale française qui a contaminé les maquis de l'ALN, Si Amirouche déclarait avec amertume et tristesse : nous avons commis des erreurs mais pas d'injustice". Le conférencier a ajouté qu'à propos de la "Bleuite", Hamou Amirouche, ancien secrétaire personnel du colonel Amirouche, a écrit dans son livre "Akfadou : un an avec le colonel Amirouche" (édit. casbah 2009, p. 419) qu'"en octobre 58, cinq mois avant son départ à Tunis, il (le colonel Amirouche NDLR) nous avait réuni (…) il nous a dit : je veux vous dire que l'ALN ne commet pas d'injustice, elle commet des fautes". Ce moudjahid, qui a rappelé que la "Bleuite, une machination diabolique" basée sur la manipulation psychologique, avait été créée par Alain Léger, capitaine du 1er Régiment de parachutistes étrangers, a estimé que "dans ce contexte, ce sont les évènements qui commandent aux hommes mais pas le contraire". M. Laichour ainsi que Sedki Mohamed et Rachid Adjaoud, tous deux compagnons du colonel Amirouche ont relevé que "ce complot d'intoxication, par infiltration d'agents doubles, dans les maquis de l'ALN a été + éventré+ par des responsables de la Wilaya III historique qui ont remonté la filière et démantelé le réseau mis en marche à partir d'Alger par le capitaine Leger". Le complot a été dévoilé suite à l'arrestation de Rosa Tadjer, arrivée d'Alger pour être incorporée dans les rangs de l'ALN, et qui était la pièce maîtresse du réseau dit des "Bleus". " Ayant à peine échangé quelques phrases avec cette femme, notamment sur les circonstances de son recrutement, le colonel Amirouche s'est rendu à l'évidence de l'existence d'un complot contre lui et contre la Wilaya III." Un "comité d'épuration" a été mis en place afin d'assainir les rangs de l'ALN des "infiltrés", et le plan de déstabilisation ourdi par l'armée coloniale a été ainsi mis en échec", témoigne Rachid Adjaoud. Laichour Slimane et Rachid Adjaoud ont souligné que la "Bleuite" a été une réponse coloniale à l'opération "l'Oiseau bleu" en 1955 à Azazga, où 1.500 Algériens auxiliaires de l'armée française ont rejoint, armes et bagages, les rangs de l'ALN. "Il faut plutôt s'attarder sur les faits qui nous honorent, entre autres, l'affaire de l'Oiseau bleu, où nos dirigeants, à leur tête Krim Belkacem, ont flanqué une gifle magistrale aux services secrets français, la prise du poste de Houra, près de Msila, qui s'est soldée par la récupération d'armes et de munitions", a souligné M. Laichour.