Il y avait foule samedi dernier au centre culturel Ferrat-Ramdane de Bouzeguène, à l'occasion de la venue de l'ancien secrétaire du colonel Amirouche, très attendu depuis plusieurs mois dans la région de ses origines. Hamou Amirouche est revendiqué par au moins deux villages de la Kabylie : Tazmalt, le village de son enfance, et Ihitoussene (Bouzeguène), celui de ses origines. Hamou Amirouche a donc retrouvé son village, 50 ans après l'avoir quitté, et les habitants lui ont réservé un accueil des plus chaleureux. L'auteur d'Akfadou, un an avec le colonel Amirouche, est en effet le fils du forgeron Ahitous, militant de la première heure de la cause nationale. Originaire du village Ihitoussene, le moudjahid Hamou Amirouche a vécu et étudié à Tazmalt (Béjaïa). Invité par l'Organisation nationale des moudjahidine et l'association des fils de chouhada Thanaïmt 57, Hamou Amirouche, auteur de cet ouvrage qui connaît un grand succès, a animé une conférence dans une salle pleine comme un œuf et vers laquelle ont convergé de nombreux jeunes et des moudjahidine. Hamou Amirouche a entamé sa conférence par son expérience au maquis dans la Wilaya III entre 1957 et 1958, sous le commandement du colonel Amirouche et la longue marche qui l'avait mené avec certains de ses frères d'armes vers la Tunisie, dans le cadre d'une mission. C'est sans doute pour lui une façon de rendre hommage au prestigieux chef de la Révolution dans la Wilaya III, Amirouche Aït Hamouda. En dépit de nombreux ouvrages consacrés à ce prestigieux et légendaire patriote, il reste qu'on ignore beaucoup encore sur ce chef révolutionnaire, un des artisans de l'indépendance nationale, tombé les armes à la main, à un moment où la Révolution avait tant besoin d'hommes de son rang. Hamou Amirouche a livré, par une démonstration pédagogique, des tranches de vie et des initiatives qui font apparaître le chef historique de la Wilaya III dans son immense humanisme, son imperturbable rectitude, son inégalable bravoure, sa rigueur militaire ainsi que sa lucidité et sa vision politique. Evoquant la “bleuite”, cet épisode à la fois effroyable et douloureux de la guerre psychologique planifiée par un parachutiste de l'armée française, Paul-Alain Léger, après la fin de la bataille d'Alger, Hamou Amirouche situe sa préparation au mois de mars 1958, quand l'officier Si Salah avait été muté vers la région de Bordj Menaïel, où il a été appréhendé dans des conditions douteuses sans qu'aucune balle soit tirée. C'est ce qui a mis le colonel Amirouche dans le doute. Les moudjahidine de la capitale et ses environs ont rejoint les deux wilayas les plus proches, c'est-à-dire la troisième et la quatrième, et les hommes d'Alain Léger, connus sous le nom des “Bleus”, du fait qu'ils portaient des jeans bleus, ont profité de l'occasion pour s'introduire dans les rangs des fuyards et ils ont rejoint la montagne. Ces derniers ont réussi à répandre des rumeurs au sein des rangs des moudjahidine et de leurs chefs, et les ont persuadés que des mécréants avaient investi tous les niveaux de la guerre. Les pourfendeurs du colonel Amirouche ont trop abusé de cette affaire dite de la “bleuite” pour donner une autre image d'un homme aux qualités morales et humaines inégalables. “Cinq mois avant de partir pour la Tunisie, Amirouche nous a réunis et a tenu à reconnaître publiquement que l'ALN ne commet pas des injustices, mais des erreurs”, a expliqué le compagnon du colonel Amirouche. L'ex-secrétaire du colonel Amirouche a tenu à souligner que ce qui s'est passé dans la Wilaya III, durant la guerre d'indépendance, ne s'est nullement passé ailleurs. Aucune autre wilaya n'en a autant souffert, précisant que des chefs comme Amirouche et Mohand Oulhadj restent les plus grands révolutionnaires qui ont fait trembler l'ennemi. Sur un tout autre volet, et c'est ce qui étonne profondément Hamou Amirouche, c'est le grand amour que porte le chef historique de la Wilaya III à sa mère. “Je ne pouvais imaginer qu'en pleine Révolution, un chef d'une telle stature avec une aussi grande responsabilité pouvait penser à sa mère”, s'interrogeait Hamou Amirouche. “Un jour, il s'approcha de moi et me murmura à l'oreille : "Ecris pour la vieille !".” Hamou Amirouche, qui prépare la publication d'un autre ouvrage, mettra bientôt sur le marché Akfadou, un an avec le colonel Amirouche, en version arabe. À la fin de la conférence, Hamou Amirouche a procédé à la vente dédicace de son livre, qui s'est déroulée dans une convivialité sans précédent en suscitant un rush pour acquérir cet ouvrage, déjà vendu à plusieurs milliers d'exemplaires. Dans la matinée, rappelons-le, l'ancien secrétaire principal du colonel Amirouche s'est d'abord recueilli sur la tombe du colonel Mohand Oulhadj.