Alors que la crise économique sévit terriblement aux quatre coins du monde, générant depuis plus d'un an des cohortes de miséreux, de nouveaux chômeurs et des maladies, voilà que surgit une épidémie dénommée jusque-là «grippe porcine» qui met en émoi les habitants de la planète terre et suscite les commentaires les plus alarmistes. La récession mondiale frappe, et le plus grand nombre dans les pays dits riches, fortement fragilisé par la restriction du budget familial, se démène pour survivre, inventant les subterfuges les plus inimaginables pour joindre les deux bouts. Les médias rapportent quotidiennement les astuces auxquelles recourent les petites gens en Occident, réputé opulent, pour s'en sortir face à la réduction drastique de revenus, même si par ailleurs les prix des produits courants ont fortement baissé du fait de la récession. Aux Etats-Unis d'où est partie la crise financière planifiée par des individus dont la cupidité a franchi les limites du raisonnable, les gens pressés apprennent la patience en retournant à leurs fourneaux, les Américains férus de grosses cylindrées grandes «buveuses» de carburant s'en débarrassent au profit d'autres moyens de locomotion, précipitant les prix des carburants. En Europe, le plus grand nombre apprend à vivre avec la frugalité et renoue avec les fruits de la nature. A cause ou plutôt grâce à la crise, partout les individus réapprennent à vivre en groupes, réhabilitant la convivialité qui commence à prendre la place de l'égocentrisme né de l'explosion de la consommation des masses. Le libéralisme sauvage, qui a enfanté l'individualisme, la course effrénée vers le lucre et autres comportements asociaux, est en train de réhabiliter, par le fait des limites de sa perversion, les valeurs humaines d'antan. Les sociologues et autres économistes constatent que «la persistance de la crise modifie considérablement les choix et le comportement des consommateurs». Du coup, les gens commencent à oublier ce qu'on appelle l'hyperconsommation. Un observateur averti de ces nouveaux comportements induits par la crise économique, jusque-là sans pareille, relève chez la majorité une frilosité dans la consommation. Restriction financière aidant, les gens «réduisent leurs achats hebdomadaires en faisant leurs courses, quitte même à passer un peu plus de temps dans les rayons à comparer les prix», observe-t-il. Face à la crise, la solidarité prend place. On se communique les «bons plans» de consommation, les petits prix des produits courants, on guette les promotions, et au lieu de faire ses courses pour la semaine, on les fait au jour le jour, dans l'espoir de trouver des rabais. En France et partout en Europe, on achète ses fruits et légumes directement chez le fermier, et peu à peu les grandes surfaces qui grignotaient les budgets familiaux perdent des clients. Le tourisme est devenu un luxe, d'où les baisses importantes des tarifs dans les hôtels et restaurants. Le logement est moins onéreux. Aussi bien à l'achat qu'à la location. Les magasins de vêtements et chaussures affichent des réductions allant parfois jusqu'à 70% sans trouver preneur. Les «sans-budget» ont désormais recours au bon vieux troc. En Occident, les dirigeants politiques sont dans le collimateur des masses de salariés, sans perspectives d'avenir. Partout, la grogne sociale monte, encouragée par les fermetures d'entreprises et leurs lots de pertes d'emploi et de revenus. Crise salutaire Pour un observateur un peu philosophe, «la crise est donc salutaire puisqu'elle modère nos frénésies d'achat et nous fait revoir à la baisse le superflu onéreux». Pourvu que ça dure, pense-t-on dans le tiers-monde où ce genre de comportement est le seul qu'on connaît depuis nos indépendances politiques. Pour ce sociologue français, «la crise actuelle n'est pas seulement économique et financière, mais elle est aussi morale, ce qui nous amène à nous interroger sur notre rapport à l'argent, à la consommation, à l'environnement et à notre planète». Et de poursuivre : «Les consommateurs réinvestissent du sens dans l'espace de consommation alimentaire. Ils introduisent des notions d'équité, de responsabilité et de respect dans l'acte d'achat. Celui-ci se pare ainsi de préoccupations solidaires qui se manifestent par l'achat direct au petit producteur ou la solidarité avec le petit commerce. Les préoccupations d'ordre écologique et solidaires forment le terreau d'une consommation solidaire et durable.» Et c'est inscrit dans la durée. Les experts croient savoir que la crise économique ne pourrait être infléchie avant au moins deux ans. Les dirigeants de la planète échafaudent des plans de riposte, pensent à des solutions, injectent des sommes faramineuses dans les systèmes financiers et bancaires, pour l'heure sans succès. C'est que le mal provient du système lui-même, et par conséquent il est à réformer radicalement. Il faut dire que les recapitalisations des banques privées et autres fonds spéculatifs à l'origine du désastre ne fait que perdurer la crise. De cette façon, on sauve les riches qui sont à l'origine du mal au détriment de la majorité, réduite à l'indigence durable. Du coup, on moralise et on fait appel au sens civique et au patriotisme économique. Ainsi, le président des Etats-Unis, Barack Obama, auquel a été légué un cadeau empoisonné, appelait récemment les jeunes Américains à «se porter volontaires au service civil, à l'occasion de la promulgation d'une loi élargissant ce dispositif pour lutter contre la crise économique». «Nous avons besoin de vous tout de suite, à ce moment de l'histoire», haranguait-il ses compatriotes en signant un texte de loi dans ce sens. Cet appel ne manquera pas d'être imité par d'autres, mais il n'est pas certain qu'il soit entendu et suivi. Un malheur n'arrive jamais seul… Alors que la crise fait des siennes partout dans les pays à économie extravertie (autant dire l'écrasante majorité), voilà que montre le bout de son nez ce que les économistes redoutaient par-dessus tout : une épidémie sanitaire qui, si elle se transformait en pandémie, donnerait le coup de grâce à tous les efforts tendant à juguler cette crise. Cette grippe dite porcine, mais à laquelle les meilleurs spécialistes mondiaux en virologie n'arrivent pas encore à donner une appellation exacte, commence à faire le tour du monde. On s'est précipité à lui coller le qualificatif de «porcine», tout simplement parce que le porc est réputé contracter la grippe humaine et aviaire en même temps. Or cette grippe-là est formée, selon les virologues, par deux souches porcines, une souche humaine et une souche aviaire. D'où sa formule H1N1. En réalité, selon les virologues, le porc peut contracter une seule grippe, qui n'a pas jusque-là cette caractéristique triangulaire ! Un éminent virologue français vient de soutenir à la télévision que cette pathologie peut être dénommée grippe nord-américaine, ou mexicaine mais pas porcine, parce que personne ne sait si elle est apparue au Mexique ou au Etats-Unis en premier. En attendant que les spécialistes identifient avec précision et sans bavure son origine, ce virus a déjà ouvert la voie à toutes les spéculations et les peurs. D'abord, la peur du fait que cette pathologie inédite se propage très vite et, surtout, tue. Elle a déjà tué plus de 150 personnes, dont 80% sont des jeunes en bonne santé. Ce qui ajoute à la peur. Ensuite, l'épidémie en question commence à inquiéter sérieusement les marchés pétrolier et boursier, dont les baisses sont ressenties depuis ce début de semaine. Pour un expert, «l'idée que la grippe porcine pourrait faire obstacle à un redémarrage de l'économie mondiale a conduit à une vague de ventes sur les marchés financiers». D'autres esprits lucides n'écartent aucune piste de recherche. «C'est une grippe comme toutes les autres grippes, elle a plus de pouvoir politique et médiatique (échappatoire d'une crise qui perdure...). Des millions de doses de Tamiflu expirent cet automne 2009. Tous ces millions de dollars auraient été perdus. Ce n'est pas Ben Laden et ses acolytes afghans déguisés sous des sombreros et munis de seringues qui ont provoqué l'épidémie mortelle de la grippe porcine qui a tué plus de 149 personnes à ce jour au Mexique», s'exclame l'un deux. Il faut savoir que si sur le marché boursier, toutes les valeurs ont chuté, celle du laboratoire qui produit le médicament contre la grippe aviaire, le Tamiflu, a grimpé ! Certains se mettent à se demander si l'épidémie de grippe à Mexico est le fruit du bioterrorisme. Le Dr Keiji Fukuda, l'assistant directeur général pour la sécurité sanitaire et l'environnement à l'OMS à Genève, a exclu «toute possibilité de bioterrorisme dans l'origine de la grippe mortelle sévissant à Mexico, malgré le passage concomitant de Barack Obama et la mort fulgurante de Felipe Solis, l'éminent archéologue mort le lendemain de sa visite au Musée de Mexico et à qui il avait serré la main», rapportent les médias. Pour ce haut responsable de l'OMS, «l'origine de l'épidémie est 100% naturelle, et d'ailleurs, aucun média aligné, malgré l'annonce répétée d'attaques bioterroristes, n'a soulevé l'hypothèse d'un virus manipulé en laboratoire». Malgré ces assurances, les sceptiques pour qui «l'origine exacte de ce virus inconnu jusqu'à ce jour reste à déterminer n'excluent pas, quant à eux, une origine manipulée en laboratoire». Et c'est là la grande question qui fait craindre le pire.