Excellente initiative que celle qui a consisté pour le Comité olympique algérien et l'Organisation nationale des journalistes sportifs algériens d'organiser, à l'occasion de la célébration de la journée internationale de la liberté de la presse, un séminaire international dont le thème était «le sport et le professionnalisme des médias.» L'évènement, qui s'est déroulé dimanche matin, à l'hôtel Hilton, a eu un impact puisque suivi par une assistance conséquente ainsi que par plusieurs invités de marque, parmi lesquels, le ministre des Sports, Mohamed Tahmi, le président de régulation de l'audiovisuel, Miloud Chorfi, le président du COA, Mustapha Berraf et le directeur général de l'entreprise de téléphonie mobile, Mobilis, dont on connaît le soutien qu'elle apporte au sport de manière générale. L'indépendance du journaliste Le séminaire avait un caractère international en raison de la présence parmi les orateurs et invités, du vice-président de l'Association internationale de la presse sportive (AIPS), Esat Yilmaer (Turquie), du président de l'AIPS- Afrique, Obi Mitchell (Nigeria) et du président de l'Union arabe de la presse sportive (UAPS), Abdelkader Djamil (Jordanie). Ils sont, tous les trois, intervenus, mettant en relief l'indépendance que doit avoir le journaliste dans son travail. Encore que la notion d'indépendance est vague quand on sait que pas un média dans le monde n'est vraiment libre dans ses idées. Chacun défend une opinion et tout employé de ces médias s'inscrit de manière automatique dans des normes qu'il ne faut pas dépasser et qui doivent forcément être du même ordre d'idées que ceux qui le paient et le financent. Cela est valable dans le domaine du sport même si on peut croire que ce secteur jouit d'une certaine liberté de pensée. Esat Ylmayer a axé son discours sur la situation que vit le sport aujourd'hui avec toute la manne financière qui se déverse dans ses caisses. «Il est un fait établi, a-t-il dit, que le sport engrange de plus en plus d'argent et ce phénomène tend à le faire prendre dans le piège des pratiques illicites. Un athlète sait qu'en terminant premier il sera amené à gagner des sommes importantes, ce qui le pousse à user de produits dopants pour atteindre cet objectif. Mais on va plus loin dans les pratiques illégales. En Turquie, par exemple, où on parie pour n'importe quoi, il y a eu un tournoi de football avec quatre équipes internationales. Il n'y a eu que des scores nuls dans ce tournoi et les buts inscrits l'ont tous été sur penalty. Il s'est avéré qu'il y avait eu de gros paris sur ce tournoi et les arbitres qui y ont officié sont aujourd'hui en prison. Le phénomène de la corruption touche également la presse quand on sait qu'on peut acheter des journalistes en contrepartie d'écrits élogieux ou pour passer à la télévision des images d'un seul club. D'où notre appel pour que les journalistes évitent des dérapages qui salissent leur corporation.» S'agissant de Obi Mitchell, il s'est attelé à défendre la thèse selon laquelle le journaliste est celui qui doit rapporter la vérité et des faits avérés. «Il y a une indépendance que nous avons chèrement acquise et que nous nous devons de protéger et de défendre, a-t-il indiqué. Difficile d'approcher une star Aujourd'hui le sport est guidé par une technologie qui pousse le journaliste à aller au-delà de ses efforts pour obtenir ce pourquoi il est payé. De par les droits d'image sans cesse plus chers, il est devenu difficile d'approcher des stars du sport et parfois quand vous réussissez à le faire cette star vous oriente sur sa page facebook ou son compte tweeter pour avoir des informations la concernant. J'ajoute que les réseaux sociaux sont devenus des concurrents à la presse en général. Chacun devient journaliste lorsqu'il se retrouve devant son ordinateur. Il nous faut travailler la main dans la main pour consolider notre profession.» L'orateur a révélé, à la fin de son intervention, la création de prix par l'AIPS qui vont récompenser, chaque année, les journalistes sportifs les plus méritants. De son côté, Abdelkader Djamil s'est basé sur les avancées technologiques qui font que le sport, phénomène social par excellence, sert de support à titre d'essai. «Aujourd'hui, où que vous vous trouviez dans le monde, votre information peut être véhiculée dans la seconde qui suit, a-t-il fait savoir. La presse sportive en particulier doit s'adapter sinon rendre les armes. Nous ne pouvons plus activer avec les moyens d'hier. «Les organisateurs du séminaire ont eu la bonne idée, en fin de séance, d'inviter l'ex-internationale de judo, médaillée de bronze aux JO de Pékin en 2008, Soraya Haddad, afin qu'elle explique quels étaient les rapports qu'elle avait avec la presse. «Ce que je peux dire c'est que dans ma carrière sportive, il y a eu des hauts et des bas, a-t-elle déclaré. Avec la presse les rapports ont suivi le même itinéraire. Au lendemain des JO de Pékin et de ma médaille de bronze, j'ai eu droit à tous les éloges de la part des journalistes. J'étais devenue la sportive la plus choyée du pays mais en 2012, après ma défaite aux JO de Londres, ce fut le retournement de veste. On avait soudainement oublié ce qu'avait été Soraya Haddad. J'ai eu une longue traversée du désert et sans le soutien de ma famille j'aurais pu sombrer dans la dépression. Il n'en reste pas moins que je garde un bon souvenir de la presse au sein de laquelle j'ai pu me faire de nombreux amis car je sais que sans la presse je ne serais peut-être jamais devenue ce que j'ai été.»